La place de la Grèce est dans la zone euro, a insisté mardi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, après des propos de sa collègue Neelie Kroes selon lesquels il n'y aurait «pas mort d'homme» si le pays abandonnait la monnaie unique.

«Nous voulons que la Grèce reste dans l'euro», a déclaré M. Barroso lors d'une conférence de presse, au côté du Français Jacques Delors, qui fut aussi président de la Commission européenne de 1985 à 1994. Il a souligné que «les coûts d'une sortie de la Grèce de l'euro seraient plus élevés que les coûts pour continuer à soutenir la Grèce».

«Nous sommes à un moment décisif pour l'avenir de la Grèce et de l'Europe», a-t-il ajouté, en appelant «les partis politiques grecs à s'engager sur les objectifs communs».

M. Barroso s'est dit optimiste sur les chances de parvenir à un accord rapide permettant de réduire d'une part la dette grecque détenue par les banques et fonds d'investissements et, d'autre part, d'octroyer de nouveaux prêts européens et du FMI à Athènes pour éviter un défaut de paiement au pays.

«Nous sommes à un moment très proche d'un accord final à Athènes», a-t-il dit, et «nous faisons tout pour arriver à une solution».

Ses propos font figure de mise au point après ceux de la commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, la Néerlandaise Neelie Kroes, dans un entretien publié mardi par le quotidien néerlandais De Volkskrant. Il n'y aura «absolument pas mort d'homme si quelqu'un quitte la zone euro», y affirme-t-elle.

«On répète toujours que si on laisse un pays partir ou qu'on lui demande de partir, l'ensemble de la structure s'effondre. Mais cela n'est pas vrai» selon Mme Kroes, qui souligne toutefois ne pas être «partisane» d'une telle solution.

Selon elle, les autorités grecques ne font pas preuve d'assez de bonne volonté dans la mise en oeuvre des réformes nécessaires. «Cela commence à être un mantra grec 'Nous ne pouvons pas, nous ne voulons pas'», affirme-t-elle, soulignant que des «preuves de bonne volonté» sont nécessaires et que l'instauration des réformes «laisse beaucoup à désirer».

Un porte-parole de la Commission, Olivier Bailly, a minimisé la portée de ces propos, rappelant que «la ligne de la Commission n'a pas changé et elle est très claire: nous voulons que la Grèce reste dans la zone euro».

Interrogé longuement sur le sujet au cours d'une conférence de presse, il a jugé que les propos de Mme Kroes n'étaient «pas en contradiction» avec cette position. «Mme Kroes n'a pas demandé à la Grèce de quitter la zone euro et n'a pas dit non plus que c'était un scénario probable», a-t-il insisté.

Dans un entretien publié dimanche par le journal grec To Vima, une autre commissaire européenne, la Grecque Maria Damanaki, chargée de la pêche, a évoqué la sortie de son pays de la zone euro comme étant une possibilité à l'étude.

Interrogée sur les scénarios sur la question, elle a souligné qu'il ne s'agissait «pas de simples scénarios mais de plans alternatifs», qui toutefois «ne sont pas préférables en ce moment».

«Il y a d'autres solutions en préparation si la Grèce n'arrive pas à suivre la zone euro malgré ses efforts», a-t-elle dit.

Tout en soulignant que «la collégialité est là pour permettre à tous les commissaires de prendre position sur des sujets d'importance», M. Bailly a affirmé mardi que «le rôle de la Commission n'est pas d'alimenter des spéculations». «Il y a effectivement des risques, il y a des scénarios concernant ces risques, nous ne faisons pas de commentaire là-dessus, nous préférons agir», a-t-il dit.