Le premier ministre grec Lucas Papademos tentait d'arracher lundi l'aval final des partis soutenant son gouvernement aux réformes exigées par UE et FMI pour prévenir faillite et sortie de l'euro du pays, à la veille d'une grève générale contre ce nouveau tour de vis.

Comme il l'a fait la veille jusque tard dans la nuit, M. Papademos devait enchaîner les rencontres avec la troïka représentant les créanciers d'Athènes, Union européenne (UE) et Fonds monétaire international (FMI) puis avec le trio de l'alliance gouvernementale, formé par les chefs des partis socialiste, Georges Papandréou, conservateur, Antonis Samaras, et d'extrême-droite Georges Karatzaféris.

Le rendez-vous avec les premiers était prévu «vers la mi-journée», avec les seconds «plus tard», ont précisé ses services.

L'enjeu est de boucler trois semaines d'une double négociation menée à la fois avec les créanciers étrangers publics et privés, et avec les dirigeants des partis politiques du pays sur les modalités de la nouvelle cure de rigueur prescrite au pays en échange d'un deuxième plan de renflouement de 130 milliards d'euros préparé depuis octobre.

Pour débloquer ces fonds, et avaliser aussi l'opération d'effacement de 100 milliards de dette par les créanciers privés, les bailleurs de fonds institutionnels exigent un engagement explicite de MM. Papandréou, Samaras et Karatzaferis, réticents de leur côté à contresigner des mesures impopulaires et risquant d'aggraver la récession.

Au fil des jours et des tractations, le calendrier imposé à Athènes pour ces avancées n'a cessé de s'assouplir, mais la patience des créanciers paraît cette fois à bout. En cas de lâchage, dont elle est désormais ouvertement menacée, la Grèce risque le défaut de paiement dès le 20 mars, à l'arrivée à échéance de créances de 14,5 milliards d'euros.

À l'issue dimanche de cinq heures de discussions avec les trois dirigeants, M. Papademos a fait part d'une entente sur le volume des économies à réaliser (1,5 point de PIB), sur la mise en place de réformes visant à abaisser les coûts de production et sur un schéma de recapitalisation des banques.

Selon les médias, les dernières tractations doivent porter sur le montant des coupes prévues dans les retraites complémentaires, sur la réduction réclamée par l'UE et le FMI du salaire minimum ainsi que sur l'ampleur des licenciements directs dans la fonction publique.

Les deux leaders de droite avaient à leur sortie de la réunion haussé le ton contre la rigueur prônée, mais M. Karatzaféris a ensuite fait part d'évolutions «satisfaisantes».

Le parti socialiste, qui dirigeait le pays jusqu'à l'éviction en novembre de M. Papandréou, ex-premier ministre élu, est prêt «à faire preuve du même sens des responsabilités» qu'auparavant, a pour sa part déclaré son porte-parole, Panis Béglitis. Mais il ne donnera son feu vert «que s'il y a un accord de tous sur tout», a-t-il ajouté à l'aube, après une réunion du bureau politique.

Le ministère des Finances a de son côté exclu l'hypothèse d'une suppression de deux des 14 mois de salaire dans le secteur privé contre laquelle M. Samaras avait affirmé être prêt à batailler.

La plupart des quotidiens pariaient du coup lundi sur un accord final du trio politique grec, qui autoriserait M. Papademos à boucler parallèlement le dossier de l'effacement de 100 milliards de dette grecque par les créanciers privés.

Les deux grandes centrales syndicales grecques, GSEE pour le privé et Adedy pour le public, ont également affuté leur riposte et anticipé un accord, en décidant lundi l'organisation d'une grève générale de 24 heures mardi, assortie d'une manifestation dans le centre d'Athènes à la mi-journée.

Les nouvelles mesures «sont la chronique d'une mort annoncée (...), l'objectif est de mettre à bas tout le droit du travail et de réduire les salaires de 20 à 30% en plus des coupes déjà opérées», a déclaré le président de la GSEE, Iannis Panagopoulos. Avec l'Adedy, la GSEE avait déjà organisé six grèves générales en 2011, sans toutefois réussir à faire fléchir les bailleurs de fonds.

L'opposition de gauche, communiste et radicale, est pour sa part montée au front en annonçant des manifestations dès lundi soir.