Les fonds de travailleurs sont dans une classe à part. Comment et pourquoi y investir?

Jean-Marc est enseignant. Son salaire annuel est d'environ 50 000 $. Chaque année, il cotise à son REER par l'entremise d'un fonds de travailleurs. Il y investit annuellement le maximum admis par personne, c'est-à-dire 5000 $.

Pour y arriver, il a choisi les retenues sur sa paye, qu'il reçoit toutes les deux semaines.

S'il choisit le Fonds de solidarité FTQ, c'est approximativement 60,77 $ qui sera prélevé sur chaque paye pour investir 192,31 $ dans le fonds. S'il choisit Fondaction, créé à l'initiative de la CSN, c'est 41,60 $ qui lui seront prélevés pour le même investissement.

Comment expliquer que Jean-Marc ne débourse qu'une petite fraction de ce qui est réellement dirigé dans son REER toutes les deux semaines?

Lorsqu'on investit dans son REER à partir d'un fonds de travailleurs, on bénéficie bien sûr du report d'impôt à payer sur la somme qu'on investit. Les fonds de travailleurs ont toutefois un autre avantage: leurs crédits d'impôt additionnels.

Au Fonds de solidarité FTQ, il est de 30 % tandis que chez Fondaction, il est de 40 %. Avant de faire son choix, il faut également analyser la performance et les caractéristiques de chacun des fonds.

Pour investir dans ces fonds de travailleurs, on ne passe pas par son institution financière; on le fait soi-même. Les deux fonds déploient toutefois des efforts pour simplifier la vie des investisseurs.

Par exemple, il est maintenant possible de faire des transactions en ligne sur les sites internet des deux fonds.

Un seul versement

On peut investir dans les fonds de travailleurs en faisant un seul versement.

Le Fonds de solidarité FTQ ouvre d'ailleurs différents points de service temporaires pendant la campagne REER.

«Les gens peuvent bien sûr venir au siège social du Fonds à Montréal, et pour les autres points de service, ceux-ci sont indiqués sur notre site internet et dans des publicités dans les journaux. Les gens peuvent venir sans rendez-vous et tout se fait en quelques minutes», précise Nizar Zaghdani, responsable marketing, marché de l'épargne-retraite, Fonds de solidarité FTQ.

Fondaction a pour sa part une somme maximale de 150 millions à aller chercher chaque année auprès des investisseurs. Puisque cette somme est pratiquement atteinte, Fondaction n'accepte plus d'investissement par versement unique d'ici la fin de son année financière, qui se terminera le 31 mai.

«Dès juin, nous recommencerons donc à accepter des versements uniques», précise Alain Vallière, directeur de la souscription chez Fondaction.

Versements périodiques

Si Fondaction a suspendu les investissements par versement unique jusqu'à juin avant d'avoir atteint son plafond de 150 millions, c'est parce que les versements périodiques continuent d'être acceptés.

«Nous avons beaucoup d'actionnaires qui investissent chez nous par des retenues sur leurs payes, donc on doit leur réserver des sommes», affirme Alain Vallière.

C'est aussi une méthode privilégiée par de nombreux actionnaires du Fonds de solidarité FTQ qui, pour sa part, n'a pas de plafond.

De nombreux employeurs offrent la possibilité de faire des retenues sur les payes de leurs employés pour qu'ils investissent dans un REER de fonds de travailleurs.

«Les travailleurs peuvent d'ailleurs en faire la demande sur notre site internet», affirme Patrick Schumann, directeur principal, marketing et campagne, Fonds de solidarité FTQ.

«Nous regardons ensuite si son employeur offre la retenue sur la paye. Sinon, nous communiquons avec l'employeur pour la lui offrir. Souvent, il accepte», précise M. Schumann.

Si l'employeur refuse, le travailleur peut se tourner vers les prélèvements automatiques dans son compte en banque.

«Il est possible d'y adhérer sur notre site internet, ou en appelant au service à la clientèle», affirme Alain Vallière, de Fondaction.

Comment intéresser Jonathan ?

Jonathan est jeune, en début de carrière, et il a un salaire modeste. Pour lui, mettre de l'argent de côté est un processus ardu.

Aux yeux d'Alain Vallière, directeur de la souscription chez Fondaction, Jonathan pourrait investir dans un fonds de travailleurs.

«Lorsqu'on est jeune, ce n'est pas très excitant d'investir dans son REER. Aussi, plusieurs jeunes ont beaucoup de dépenses: voiture, maison, etc. Un fonds de travailleurs est l'épargne la moins coûteuse en raison du crédit d'impôt supplémentaire et de la déduction REER. Quand les jeunes réalisent ça, ils prennent l'habitude d'épargner», explique-t-il.

Le RAP

De plus, plusieurs jeunes ayant bénéficié du régime d'accession à la propriété (RAP) croient qu'ils doivent rembourser leur institution financière.

«Ils peuvent rembourser leur REER dans les fonds de travailleurs. Ainsi, s'ils n'en ont pas déjà bénéficié, ils pourront avoir le crédit additionnel des fonds de travailleurs en remboursant leur RAP», souligne Patrick Schumann, directeur principal du marketing et campagne, Fonds de solidarité FTQ.

Alain Vallière précise toutefois qu'économiser en prévision du RAP dans un fonds de travailleurs est aussi avantageux puisque les crédits additionnels permettent aux jeunes d'amasser de l'argent plus rapidement.

«Si on amasse une mise de fonds suffisamment importante, on peut obtenir une hypothèque sans assurance prêt hypothécaire, donc on économise», précise-t-il.

Le crédit jusqu'à 60 ans

Qu'en est-il à 60 ans?

On peut toujours bénéficier de la déduction REER et du crédit d'impôt des fonds de travailleurs. «On peut profiter du crédit d'impôt jusqu'à 65 ans, à moins qu'on ait commencé à toucher des revenus de retraite», précise M. Schumann.

Plusieurs vont aussi opter pour les fonds de travailleurs puisqu'ils investissent 60 % de leur portefeuille dans l'économie québécoise.

«D'ailleurs, pendant la crise économique, le Fonds de solidarité FTQ a été le plus grand investisseur de capital de risque privé au Québec, affirme M. Schumann. Le Fonds permet de sauver des emplois et d'en créer.»