L'Europe a engagé un compte à rebours pour sauver la Grèce en poussant en faveur d'un accord global d'ici la fin de la semaine portant sur une réduction de sa dette détenue par les banques et de nouveaux prêts, dans l'espoir de clore un chapitre de la crise de la dette.

Le temps presse: Athènes doit rembourser 14,5 milliards d'euros de prêts le 20 mars, faute de quoi le pays sera en cessation de paiements.

Pour éviter une faillite aux conséquences imprévisibles, il faut que le pays trouve au plus vite un accord pour effacer 100 milliards d'euros de dette avec les banques et fonds d'investissement détenant ses obligations et que les Européens débloquent les 130 milliards d'euros d'aide promis en octobre. Du premier accord avec les banques dépend le déblocage de l'aide européenne.

Les négociations avec le secteur privé traînent en longueur depuis près de trois semaines et le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a appelé lundi, lors du premier sommet européen de l'année, à trouver un accord sur la dette et sur les nouvelles aides en direction de la Grèce «d'ici la fin de la semaine».

Les négociations avec les créanciers privés de la Grèce visent à ramener la dette publique du pays à 120% du PIB à l'horizon 2020 contre 160% actuellement.

L'opération doit être réalisée via un échange d'anciennes obligations détenues par des créanciers privés par de nouveaux titres, avec au centre des tractations la rémunération accordée à ces derniers.

Un accord doit être trouvé d'ici la fin de la semaine afin que l'échange de titres soit faisable sur le plan technique et débute le 13 février, la date-butoir, a indiqué une source européenne. L'opération prendra ensuite deux semaines et aboutira début mars, a fait savoir cette même source.

Se voulant rassurant, le premier ministre grec, Lucas Papademos, a dit tabler lundi soir sur un accord global d'ici la fin de la semaine.

Toutefois, face à la dégradation économique de la Grèce, l'enveloppe de 130 milliards d'euros pourrait être insuffisante. Une rallonge de 15 milliards d'euros est évoquée, même si la chancelière allemande Angela Merkel a prévenu, lors du sommet, qu'«ajouter des prêts à la Grèce ne contribuera pas à réduire son endettement».

«Notre but est d'éviter une aide supplémentaire de nos créditeurs», a souligné à ce sujet M. Papademos.

En attendant, ce sujet est bien sur la table, a confirmé une source européenne. «Le but est de négocier un accord avec les créanciers publics une fois bouclé celui avec les créanciers privés», a-t-elle précisé.

Cela pourrait concerner des institutions européennes détentrices d'obligations grecques, des banques nationales ainsi que la Banque centrale européenne (BCE) qui détiendrait 45 milliards de dette grecque, rachetées à des banques de la zone euro, selon un banquier central de la zone euro.

En acceptant par exemple d'effacer la moitié de ses obligations grecques, la BCE et les 17 banques centrales des pays de la zone euro perdraient environ 20 milliards d'euros.

Le président français Nicolas Sarkozy a lancé un appel du pied lundi soir en suggérant qu'«éventuellement d'autres institutions européennes» participent à l'effort. Une manière de suggérer par exemple que la BCE pourrait être invitée, elle aussi, à accepter une perte sur ses créances envers Athènes.

La Grèce n'est pas le seul problème à l'esprit des dirigeants européens. La situation du Portugal, qui est sous assistance financière extérieure depuis l'an dernier, inquiète à nouveau beaucoup, au point de faire craindre un deuxième programme d'aide. «La récession va être terrible pour ce pays qui n'y est pas préparé» et ses taux d'emprunt sur les marchés restent à des niveaux très élevés, s'inquiète une source européenne.