Les discussions entre la Grèce et ses créanciers privés sur l'effacement d'une partie de sa dette vont se poursuivre vendredi après un «progrès» constaté lors d'une réunion jeudi soir, en vue d'un accord qu'Athènes espère présenter au sommet européen de lundi.

À l'issue jeudi soir d'une réunion de deux heures avec le premier ministre Lucas Papademos, les négociateurs pour les créanciers privés ont fait état jeudi soir de «progrès».

«Les discussions ont été centrées sur des questions légales et techniques (...) et un certain progrès a été réalisé, les travaux se poursuivront» a indiqué, dans un communiqué, le lobby bancaire mondial, IIF, dont le patron, Charles Dallara, mène les tractations côté privé assisté de Jean Lemierre, conseiller du président de la banque française BNP Paribas.

Une source gouvernementale grecque a confirmé la poursuite vendredi de ces discussions «au niveau légal et technique», auxquelles participent également le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos.

En cours depuis trois semaine au siège du gouvernement grec, ces tractations visent à trouver un accord avec les créanciers privés du pays pour l'effacement de quelque 100 milliards de créances, en vue de ramener la dette souveraine à 120% du PIB en 2020 contre 160% actuellement.

Pour vérifier si l'accord prévu tiendra ce cadre, la zone euro et le FMI vont procéder à une nouvelle analyse de la dette grecque en prenant en compte les paramètres convenus entre Athènes et ses créanciers, a indiqué jeudi une source du ministère des Finances.

Sur la base de cette étude, la Grèce et ses créanciers privés pourraient devoir réviser leur accord, a-t-on ajouté de même source. Les créanciers institutionnels pourraient aussi devoir apporter plus au pot, alors que la question d'une participation de la Banque centrale européenne à la restructuration des créances grecques, dont elle détient environ 45 milliards d'euros, se pose désormais.

Athènes espère pouvoir présenter sa copie lors du sommet européen du 30 janvier afin de pouvoir ensuite finaliser l'accord à temps pour lancer l'offre publique de restructuration de la dette d'ici la date butoir du 13 février retenue par la zone euro.

Le porte-parole du gouvernement, Pantélis Kapsis, a réitéré jeudi à la radio privée Flash qu'il espérait «la conclusion le plus vite possible de l'accord», rappelant qu'il conditionnait la mise en oeuvre du plan de renflouement de 130 milliards d'euros décidé fin octobre à Bruxelles.

M. Kapsis a toutefois évoqué «la difficulté des discussions», d'autant que la négociation avec le secteur privé se double de tractations avec les créanciers publics, UE et FMI, pour l'adoption de nouvelles mesures de rigueur et de déréglementation qui auront «un coût social».

Mais «une solution alternative serait pire, l'objectif est de faire en sorte que la Grèce reste dans la zone euro», a-t-il souligné.

M. Papademos a présidé une réunion ministérielle informelle dans l'après-midi pour faire un point sur ces négociations avec créanciers privés et publics et étudier les mesures réclamées par ces derniers, dont une délégation tripartite (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) se trouve à Athènes depuis la semaine dernière.

Le marchandage avec le secteur privé avait jusque là buté sur les taux d'intérêt des nouvelles obligations, l'IIF insistant sur un taux d'intérêt d'au moins 4%, pour limiter les pertes réelles des banques, estimées à au moins 60% pour une décote nominale de 50%, alors que zone euro et FMI veulent rester autour de 3%.

Un taux trop bas risque d'être dissuasif pour les créanciers privés (banques, caisses d'assurance ou fonds d'investissement), censés participer «volontairement» à la restructuration.

En cas de participation insuffisante des créanciers privés à l'accord, Athènes n'a pas exclu de recourir à un mécanisme de clause d'action collective (CAC) imposant à la minorité de créanciers rétifs de suivre le mouvement.

L'activation de cette clause impliquerait la Banque centrale européenne (BCE), l'exposant ainsi à une perte de plus de 20 milliards.