L'Allemagne se retrouve sous une pression croissante de ses partenaires européens et du FMI pour accepter une augmentation des moyens du Fonds de secours de la zone euro, au-delà de 500 milliards d'euros, en échange des efforts consentis sur la discipline budgétaire.

Le gouvernement allemand n'a pas vraiment démenti mardi des informations de presse lui prêtant l'intention de lâcher du lest sur le sujet en approuvant l'idée que l'Union monétaire fonctionne à partir de cet été avec deux pare-feux financiers aux ressources cumulées, au lieu d'un.

La chancellerie à Berlin s'est bornée à indiquer qu'il n'y avait «pas de décision» prise sur la question. Et à Bruxelles le ministre allemand des Finances, venu participer à une réunion à ses homologues de l'UE, a estimé qu'il n'y avait pas matière «pour le moment» à en parler.

En réalité, le débat est bel et bien engagé. Il doit être tranché début mars lors d'un sommet des dirigeants européens.

«Je pense qu'il peut y avoir un consensus» sur le sujet, a estimé mardi la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter.

L'option actuellement la plus discutée, mise sur la table début décembre par le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, consisterait donc à accroître la puissance de feu de l'Union monétaire face aux risques de contagion de la crise de la dette en additionnant les moyens du Fonds de secours actuel pour les pays en difficulté avec ceux du mécanisme permanent appelé à le remplacer progressivement à partir de juillet.

Le premier, le FESF, mis sur pied de manière temporaire en 2010, peut compter encore sur quelque 250 milliards d'euros. Le second, le MES dont la création a été officiellement approuvée lundi soir, affichera une capacité de prêts de 500 milliards d'euros.

Les deux continueront à fonctionner en parallèle pendant un an mais, si l'on s'en tient aux règles actuelles, leur enveloppe cumulée ne doit pas dépasser 500 milliards d'euros.

Les partisans d'une force de frappe accrue donnent de la voix. La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a fait ouvertement campagne en ce sens à Berlin cette semaine auprès de la chancelière Angela Merkel.

Le pare-feu de la zone euro doit être «amélioré» en comprenant «le FESF ainsi que le mécanisme de stabilité MES», a-t-elle encore dit mardi à la radio publique allemande. À ses yeux, l'Europe doit évoluer sur ce point si elle espère convaincre ses partenaires de l'aider à régler la crise de la dette via le FMI.

«Si tel est le cas, les membres du FMI accepteront de bon gré d'augmenter ses ressources» afin en particulier de soutenir la zone euro, a-t-elle dit.

Le camp des partisans d'un Fonds de soutien renforcé compte aussi l'Italie, la France - qui a indiqué à Bruxelles «soutenir» le point de vue de Mme Lagarde -, mais aussi la Banque centrale européenne et la Commission.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a jugé «essentiel» mardi de «renforcer les pare-feux» financiers «afin de restaurer la confiance dans l'économie européenne» menacée d'une récession.

L'Allemagne risque de retrouver d'autant plus isolée qu'elle a réussi à imposer par ailleurs son modèle à l'Europe en matière de discipline budgétaire face à la crise. Bon an, mal an, ses partenaires ont accepté de signer un nouveau traité qui va imposer partout une «règle d'or» sur l'équilibre des comptes publics.

Une évolution qui n'est pas sans faire grincer des dents dans certains pays. «La façon dont l'Allemagne nous fait la leçon en nous disant 'ma méthode est la meilleure et la seule', est assez désagréable», a pesté mardi l'eurodéputée belge Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen.