L'économie espagnole retombera en récession en 2012, plombée par la faible demande des ménages qui souffrent de strictes mesures d'austérité et un taux record de chômage devant encore augmenter cette année, selon les prévisions de la Banque d'Espagne publiées lundi.

L'Espagne enregistrera une chute de 1,5% de son PIB en 2012, et entamera une «modeste reprise» en 2013, avec une croissance de 0,2% du PIB, indique le bulletin mensuel du régulateur.

Ces chiffres sont très inférieurs aux dernières prévisions de croissance du gouvernement pour 2012 et 2013, qui se situent respectivement à 2,3% et 2,4%.

Le pays était sorti début 2010 d'une récession de plus de 18 mois, provoquée par la crise et l'éclatement de sa bulle immobilière.

Mais cette timide reprise, contrariée par la crise de la dette en zone euro et le ralentissement de l'économie mondiale, devrait prendre fin dès le quatrième trimestre 2011, avec une croissance négative, à -0,3% du PIB, selon les prévisions de la Banque d'Espagne.

La Banque centrale table sur une croissance de 0,7% du PIB pour l'ensemble de 2011, inférieure elle aussi aux dernières prévisions du gouvernement qui s'établissent à 0,8%.

«En 2011, la modeste reprise qu'avait entamée l'économie espagnole un an auparavant s'est affaiblie, à mesure que la crise de la dette souveraine dans la zone euro s'est étendue à un plus grand nombre de pays et que les tensions sur les marchés financiers se sont renforcées», analyse la Banque d'Espagne.

Pour expliquer ces sombres perspectives, la Banque d'Espagne indique aussi qu'elle s'attend à une «contraction significative» de la demande nationale, les dépenses des familles étant «réduites» par l'impact des mesures d'austérité et «un faible emploi».

Le nouveau gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a en effet lancé un vaste plan de rigueur fin décembre, comportant des coupes budgétaires de 8,9 milliards d'euros, des hausses d'impôts pour 6,3 milliards et un plan anti-fraude fiscale dont il espère récupérer près de 8,2 milliards.

Le taux record de chômage, qui se situait à 21,52% de la population active au troisième trimestre 2011, devrait en outre encore augmenter en 2012.

La Banque d'Espagne prévoit ainsi un taux de 23,4% pour cette année, avant une très légère baisse en 2013 (23,3%).

Mariano Rajoy a d'ores et déjà prévenu que l'Espagne devrait compter 5,4 millions de chômeurs à la fin 2011, un chiffre «astronomique», a-t-il dit, alors que les données officielles sur l'emploi sont attendues pour ce vendredi.

Définissant l'emploi comme l'un de ses objectifs prioritaires, le gouvernement prévoit de présenter une réforme du marché du travail avant le 10 février.

«Son impact reste, pour l'instant, méconnu», nuance cependant la Banque d'Espagne.

Les chiffres officiels provisoires de la croissance pour 2011 doivent être connus le 30 janvier et les chiffres définitifs le 16 février. Les prévisions de la Banque d'Espagne sont généralement confirmées.

Le Fonds Monétaire International (FMI) table lui sur une chute du PIB pour l'Espagne de 1,7% en 2012 et de 0,3% en 2013, selon une version préliminaire de ses nouvelles prévisions, citée la semaine dernière par l'agence italienne Ansa.

Face aux prévisions négatives de croissance, le ministre espagnol du Budget, Cristobal Montoro, avait souligné dimanche que l'objectif de déficit public de l'Espagne pour 2012, fixé à 4,4% du PIB, devait être modifié car il est fondé sur des perspectives désormais dépassées.

Selon le gouvernement, le déficit a été de 8,0% environ en 2011, en baisse par rapport à 2010 (9,3%), mais bien au-dessus de l'objectif de 6,0% convenu avec Bruxelles par le précédent gouvernement socialiste espagnol.