Critiquée de toutes parts, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a défendu samedi sa décision de dégrader neuf pays européens, allant même jusqu'à affirmer que les leaders de la zone euro n'en faisaient pas assez pour résoudre la crise de la dette.

Le premier ministre de la France, la plus importante économie à avoir été visée par les décotes, a promis l'adoption de mesures de compressions qui, selon les détracteurs d'une telle démarche, ne feront qu'étouffer toute possibilité de croissance.

La décision de S&P, annoncée vendredi soir, pourrait faire en sorte qu'il sera plus dispendieux, pour les pays en difficultés, d'emprunter de l'argent, de réduire leurs dettes et de maintenir la croissance. Cette dégradation survient également alors que les négociations entre les créanciers et le gouvernement de la Grèce semblent être sur le point de s'écrouler.

Cette annonce a eu l'effet d'une douche froide à l'issue d'une semaine plutôt encourageante pour les pays européens les plus endettés. Elle sert également de rappel à la zone euro dans ce que la chancelière de l'Allemagne, Angela Merkel, a qualifié de «longue route» avant que la confiance des investisseurs ne soit regagnée.

Le porte-parole de S&P Martin Winn a balayé du revers de la main les soupçons d'une décision motivée par des composantes politiques et que le geste puisse fragiliser encore davantage les États endettés.

Un analyste de l'agence, Moritz Kraemer, a de son côté déclaré lors d'une conférence téléphonique, samedi, que les mesures annoncées par les gouvernements européens n'étaient pas suffisantes pour rétablir la confiance.

Le ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne, Guido Westerwelle, a par ailleurs appelé à la création d'agences de notation européennes et indépendantes, plutôt que de poursuivre avec le système actuel, dont les agences de notation principales sont basées aux États-Unis.

Mais rien ne certifie que l'entrée en jeu de telles agences ne puisse conduire à des conclusions différentes que celles de S&P, ni ne calme le tollé de critiques selon lesquelles les agences ont une influence démesurée sur les marchés boursiers.