La Grèce pourrait avoir besoin d'une perfusion supplémentaire de ses partenaires européens, un scénario de plus en plus évoqué face à la dégradation continue de ses finances et à des négociations difficiles pour réduire sa dette.

Si tous les créanciers privés ne participent pas au plan d'allègement de la dette grecque, «un soutien plus important de nos partenaires sera nécessaire», a prévenu jeudi le ministre grec adjoint aux Finances, Philippos Sahinidis.

Des propos qui font écho à ceux de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, rapportés par la presse allemande.

Lors de sa visite mardi à Berlin, elle a estimé qu'il faudrait augmenter d'«un montant significatif en dizaines de milliards» d'euros l'aide à la Grèce. Elle n'a toutefois pas précisé d'où viendraient ces fonds supplémentaires.

Mais samedi, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel révélait que l'institution de Washington avait de plus en plus de doutes sur la capacité de la Grèce à réduire durablement son endettement et évoquait, parmi d'autres options, une participation plus grande de la zone euro.

Sur le papier, la situation d'Athènes semblait sous contrôle depuis la mise en place du plan d'aide décidé en octobre.

Il prévoit un effacement de 100 milliards d'euros de la dette grecque détenue par les banques privées (soit une décote de 50%) et un programme de prêts et de garanties de 130 milliards d'euros. Objectif: ramener la dette grecque à 120% du PIB en 2020, contre plus de 160% actuellement.

Sauf que «depuis que l'UE et les banques ont trouvé un accord de principe en octobre, la situation économique s'est encore dégradée en Grèce», confiait récemment une source proche du dossier. «Cela peut avoir des répercussions sur la viabilité de la dette grecque», avait-elle précisé. En outre, le pays doit rembourser 14,5 milliards d'euros fin mars, une échéance cruciale.

Résultat: l'effort demandé aux détenteurs privés de dette grecque pourrait être revu à la hausse, pour éviter la catastrophe.

«Il semble bien que les 50% de décote sur la dette grecque ne soient plus suffisants, on parle de 60, 70 voire 100%», a confirmé une source européenne.

La signature d'un accord de désendettement entre la Grèce et le secteur privé semble donc mal engagée. D'autant plus qu'il doit se faire sur une base volontaire pour ne pas s'apparenter à un défaut de paiement pur et simple.

«Le temps commence à être compté pour parvenir à un accord», a indiqué jeudi l'Institut de la finance internationale (IIF) dans un communiqué publié à l'issue d'une rencontre de son président, Charles Dallara, à Athènes avec le Premier ministre grec, Lucas Papademos, et son ministre des Finances, Evangélos Vénizélos.

«Un certain nombre de questions clefs ne sont toujours pas résolues», ajoute l'IIF, notant que les discussions continueront à Athènes vendredi.

«L'hostilité ne vient pas du tout des banques et institutions autour de la table de négociation mais des opérateurs de marché qui (...) ont parié sur un effondrement de la Grèce, et de la zone euro», a expliqué une source proche des négociateurs.

De leur côté, certains créanciers privés veulent obtenir plus des Etats, mais il n'est «pas sûr» que ces derniers «soient d'accord, a affirmé une source européenne, admettant que la situation est assez «confuse».

Ce sujet risque de revenir sur le devant de la scène lors du prochain sommet européen fin janvier. «J'espère que certains ne voient pas le Conseil européen comme une prochaine étape pour renégocier. On ne va pas renégocier le second plan (d'aide à la Grèce) en dix jours», a estimé cette même source.

Autre hypothèse à l'étude, selon une source gouvernementale grecque: la BCE qui détient plus de 50 milliards d'obligations grecques pourrait participer au plan d'effacement de la dette. Un scénario balayé jeudi par l'institut monétaire. La BCE n'est «pas impliquée» dans les négociations sur la décote de la dette grecque, a déclaré son numéro deux, Vitor Constancio.