Le chassé-croisé de dirigeants au chevet de la zone euro se poursuit mercredi, avec une rencontre entre Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde à Paris et un mini-sommet germano-italien à Berlin, au moment où l'Allemagne met un pied dans la récession.

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a entamé un entretien en fin de matinée avec le président français sur «la situation économique internationale» et celle de la zone euro plus que jamais engluée dans sa crise de la dette.

Si l'ordre du jour n'a pas été précisé, la Grèce, toujours sur la sellette, devrait être au coeur des discussions. Bruxelles a fait savoir mardi que les négociations entre Athènes et les banques pour qu'elles effacent au moins la moitié de la dette grecque qu'elles détiennent étaient en passe d'aboutir.

De l'issue de ces tractations et de la mise en oeuvre par le gouvernement grec des programmes d'austérité exigés par ses bailleurs de fonds internationaux, les Européens et le FMI, dépendra le versement des prochaines aides financières dont la Grèce a besoin pour éviter la faillite.

«Depuis que l'UE et les banques ont trouvé un accord de principe en octobre, la situation économique s'est encore dégradée en Grèce», souligne-t-on de source proche du dossier. «Cela peut avoir des répercussions sur la viabilité de la dette grecque», ajoute-t-on, laissant entendre que la décote demandée aux banques pourrait s'avérer supérieure aux 50% fixés à l'automne.

Plus largement, la patronne du FMI, qui a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel mardi à Berlin sans faire de déclaration, doit discuter avec les dirigeants européens en vue de leur sommet du 30 janvier des moyens d'endiguer la crise de la dette, dont la propagation menace toujours l'Italie.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, réunis lundi, ont jugé la situation «extrêmement tendue».

La chancelière allemande devait de son côté tenir à 13h00 (7h00 à Montréal) une conférence de presse avec le président du Conseil italien Mario Monti, qui s'était déjà rendu à Paris la semaine dernière.

Avant cette rencontre à Berlin, l'Italien a haussé le ton.

«Malgré les sacrifices, l'Union européenne ne montre aucune bienveillance», a-t-il déploré dans les colonnes du quotidien allemand Die Welt.

«Si les Italiens ne voient pas dans un futur proche de résultats tangibles de leur disposition à économiser et à réformer, un mouvement de protestation contre l'Europe va voir le jour en Italie, dirigé aussi contre l'Allemagne, considérée comme meneur de l'intolérance au sein de l'UE, et contre la Banque centrale européenne», a-t-il prévenu.

L'influent magazine allemand Der Spiegel décrivait mercredi Mario Monti comme «un invité ingrat» qui fait désormais front commun avec le président français contre la chancelière et son obsession de l'austérité.

Le duo franco-italien a peut-être obtenu quelques résultats: selon la dernière version du projet de pacte de discipline budgétaire obtenue par l'AFP, les prérogatives punitives de la Cour de justice et de la Commission européennes ont été limitées.

Surtout, conformément à une exigence italienne, il n'est plus question que les nouvelles sanctions financières quasi automatiques contre les pays s'appliquent aussi lorsque la dette publique dérape par rapport au seuil maximal de 60% du PIB. La dette de l'Italie représente environ 120% de son PIB.

Mario Monti pourra présenter à Angela Merkel les résultats de la politique de désendettement italienne: le déficit public de l'Italie a reculé à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre 2011, son plus bas niveau depuis la fin 2008.

L'Allemagne affiche un résultat encore plus spectaculaire, avec un déficit s'établissant à 1% l'an dernier.

Mais la première puissance économique de la zone euro émet aussi des signaux inquiétants: si elle a enregistré une croissance vigoureuse de 3% en 2011, le moteur européen a calé en fin d'année, le PIB allemand reculant de 0,25% au dernier trimestre.

Cela devrait marquer le retour de la zone euro dans la récession, après un troisième trimestre 2011 presque au point mort avec une croissance de seulement 0,1%, selon des chiffres d'Eurostat révisés mercredi à la baisse.

Les places financières européennes reprenaient leur souffle mercredi au lendemain d'un net rebond. Paris était en légère hausse à la mi-journée et Francfort en légère baisse.