Nicolas Sarkozy, très probable candidat à sa réélection, s'est montré déterminé à «continuer à agir» en 2012 dans «la tempête» de la crise avant de penser à l'élection présidentielle, qu'il a à peine évoquée lors de ses voeux aux Français.

Au cours de cette traditionnelle et courte allocution de neuf minutes enregistrée à l'Élysée puis retransmise en léger différé sur les principales chaînes de télévision, le président, costume et cravate sombres, a essayé de se montrer réaliste et rassurant.

Réaliste, car «cette crise inouïe, sans doute la plus grave depuis la Deuxième Guerre mondiale, cette crise n'est pas terminée», a-t-il prévenu, ajoutant qu'il ne s'agissait «pas de nier les difficultés que nous traversons». «Nous devons être courageux, nous devons être lucides», a dit le président, à la peine dans les sondages (entre 33 et 38% d'opinions favorables).

«Dans la tempête, vous avez souffert. Je sais que la vie de beaucoup d'entre vous déjà éprouvée par deux années difficiles a été une fois encore durement mise à l'épreuve. Vous finissez l'année plus inquiets pour vous et pour vos enfants», a-t-il ajouté.

«Et pourtant, il y a des raisons d'espérer», a-t-il assuré, invitant les Français à «garder confiance dans l'avenir. Car si tant de pays ont connu des difficultés insurmontables, la France a tenu. Elle a résisté». «Ce ne sont ni les marchés ni les agences qui feront la politique de la France», a-t-il martelé, alors que la France est menacée de perdre son triple A.

Évoquant en une seule phrase la prochaine élection présidentielle - «une échéance importante» et «le moment venu, vous ferez votre choix» -, il a surtout cherché à se montrer avant tout concentré sur sa tâche de président, dramatisant volontairement les enjeux.

D'ici l'élection, pour laquelle sa future candidature ne fait «aucun doute», selon ses proches, «je dois continuer à agir, car l'histoire des décennies à venir s'écrit maintenant».

Alors que l'opposition affirme qu'un nouveau plan de rigueur est en route, M. Sarkozy a démenti: «le problème n'est pas celui d'un nouveau train de réduction des dépenses pour l'année qui vient. Ce qui devait être fait a été fait par le gouvernement», a-t-il dit, en allusion aux deux plans de rigueur déjà mise en route par ses ministres.

L'emploi, sujet d'inquiétude des Français, a constitué l'un des principaux sujets qu'il a abordés, alors que le chômage ne cesse d'augmenter, ayant atteint en novembre le chiffre record depuis douze ans de 2,8 millions de personnes sans emploi.

«Ceux qui ont perdu leur emploi doivent être l'objet de toute notre attention. Nous devons changer notre regard sur le chômage. Faire en sorte que la formation des chômeurs devienne la priorité absolue, afin que chacun puisse se reconstruire un avenir», a-t-il dit.

Adversaire déclaré de «l'assistanat», maintes fois dénoncé par lui, il a ajouté qu'il fallait «former et pas seulement indemniser. Tel doit être notre but», a-t-il assené.

Autre sujet évoqué: «le financement de notre protection sociale qui ne peut plus reposer principalement sur le travail, si facilement délocalisable».

«Il faut alléger la pression sur le travail et faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la main-d'oeuvre à bon marché», remettant ainsi en selle la possibilité d'une future TVA sociale.

M. Sarkozy a rappelé la tenue d'un sommet social le 18 janvier prochain. «J'écouterai les propositions de chacun et, avant la fin du mois de janvier, nous prendrons et nous assumerons des décisions importantes, car les enjeux sont cruciaux», a-t-il affirmé.

Ripostant rapidement aux voeux présidentiels, le porte-parole du PS Benoît Hamon, qui a tenu dans la foulée une conférence de presse, a affirmé que Nicolas Sarkozy «prétend dans ses voeux vouloir protéger les Français» mais que «jamais un président de la République ne (les) aura autant maltraités pour protéger une minorité d'entre eux».