La zone euro se prépare à un début de semaine chargé avec une réunion de ses ministres des Finances pour discuter de l'augmentation des ressources du FMI, afin que ce dernier puisse ensuite l'aider, et des négociations sur son «pacte budgétaire» face à la crise de la dette.

La menace d'une dégradation de la note de plusieurs pays de la zone euro va continuer à planer sur ces rendez-vous qui ont pour ambition de mettre en forme certaines des décisions prises au dernier sommet européen les 8 et 9 décembre.

L'agence de notation Standard & Poor's a prévenu début décembre qu'elle pourrait abaisser la note de 15 pays de la zone euro.

Vendredi, l'agence Fitch lui a emboîté le pas en abaissant la perspective de la France à «négative» et en menaçant d'abaisser d'ici fin janvier les notes de six pays (Espagne, Italie, Belgique, Slovénie, Chypre et Irlande).

Dans ce contexte tendu, les ministres des Finances de la zone euro vont se réunir sous forme de conférence téléphonique lundi à partir de 16h (10h, heure de Montréal) pour parler des suites du dernier sommet européen sur la crise de la dette, a indiqué dimanche une source gouvernementale sous couvert de l'anonymat.

Principal objectif affiché: avancer sur les contributions européennes envisagées au Fonds monétaire international (FMI) et parler du futur fonds de sauvetage financier permanent de la zone euro (MES) appelé à voir le jour mi-2012.

La zone euro et d'autres pays de l'UE ont dit vouloir renflouer le FMI d'un montant jusqu'à 200 milliards d'euros sous forme de prêts bilatéraux.

L'idée est que l'institution de Washington prête en retour aux pays en difficulté de la zone euro et que des pays émergents suivent l'exemple en participant aussi à la recapitalisation du FMI. Les Européens s'étaient donnés dix jours pour fournir des précisions sur cette opération.

Pour l'instant, certains pays ont donné leur accord de principe sans annoncer le montant de leur contribution, d'autres ne se sont pas prononcés du tout.

La Belgique a annoncé être prête à contribuer à hauteur de 9,5 milliards d'euros, le Danemark à hauteur de 5,4 milliards d'euros et la Suède de 11 milliards d'euros.

La Grande-Bretagne, elle, refuse de participer à ces prêts.

«Nous n'avons pas pris d'engagement spécifique pour accroître les ressources du FMI. Nous avons été clairs (lors du dernier sommet européen) sur le fait que nous ne contribuerons pas à ces 200 milliards d'euros» de prêts, a déclaré un porte-parole du premier ministre David Cameron.

Concernant l'espoir de voir les pays émergents mettre eux aussi au pot, là encore les discussions ne sont pas très avancées. «L'engagement européen n'a pas créé de dynamique chez les pays émergents en faveur d'une augmentation des ressources du FMI», a reconnu une source proche du dossier.

Autre dossier à l'agenda de la zone euro, le début des négociations techniques concernant le traité intergouvernemental sur la discipline budgétaire renforcée, décidé au sommet de Bruxelles.

Les dirigeants européens, à l'exception notable de M. Cameron, s'étaient mis d'accord pour tirer les leçons de la crise de la dette en travaillant à un accord qui prévoit d'imposer des «règles d'or» sur le retour à l'équilibre budgétaire ou de rendre les sanctions financières contre les pays laxistes plus automatiques.

Pour graver ces décisions dans le marbre, cet accord prendra la forme d'un traité entre les pays de la zone euro et d'autres qui voudraient s'y associer.

Les discussions entre hauts fonctionnaires des gouvernements européens sur le détail du texte vont débuter mardi à Bruxelles, avec pour but de boucler les travaux «fin janvier en vue d'une signature fin mars», a indiqué un diplomate européen sous couvert de l'anonymat.

La Grande-Bretagne, qui s'était exclue de ce projet au nom de la défense des intérêts de la City de Londres, a obtenu finalement de pouvoir assister à ces discussions techniques qui s'ouvriront dans un climat tendu entre Paris et Londres à la suite d'échanges aigres-doux ces derniers temps.

Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a milité pour accorder un strapontin au Royaume-Uni afin de maintenir la cohésion menacée du bloc de 27 pays, qui devrait en outre se retrouver pour un nouveau sommet le 3 février.

Mais Londres n'aura qu'un «statut d'observateur», a précisé un diplomate européen.