Les difficultés de la zone euro déprimaient mercredi l'ensemble des grands acteurs financiers, faisant reculer les Bourses et chuter l'euro face au dollar alors que la chancelière allemande Angela Merkel a prédit qu'il faudrait «des années» pour sortir de la crise.

Pour la première fois depuis janvier, l'euro a glissé sous les 1,30$. Vers 9h20, il s'échangeait autour de 1,2971$.

Les Bourses européennes creusaient leurs pertes. À Paris, le CAC cédait plus de 2%, Francfort lâchait 1,41%, Milan 1,69% et Madrid 0,93%. De l'autre côté de l'Atlantique, le Dow Jones a ouvert en recul de 0,28%.

Le compte rendu du sommet européen de la semaine dernière à Bruxelles fait devant les députés du Bundestag par la chancelière allemande Angela Merkel, n'a pas rassuré.

«Les contours d'une véritable union politique commencent à se dessiner», selon la chancelière, mais sortir de la crise de la dette, qui a viré à la «crise de confiance» à l'égard de toute l'Europe, est «un processus qui ne durera pas des semaines, pas des mois mais des années», a-t-elle une nouvelle fois déclaré.

Le processus «sera accompagné de revers, mais si nous ne nous laissons pas décourager (par ces revers) (...), alors l'Europe va non seulement surmonter la crise mais aussi en sortir plus forte», a-t-elle ajouté.

Fait plus notable pour les investisseurs, la chancelière s'est de nouveau prononcée contre une hausse de la capacité de prêt du futur Mécanisme européen de stabilité (MES), qui doit succéder l'an prochain au fonds européen de secours (FESF).

Le MES doit être doté d'une capacité de prêt de 500 milliards d'euros, un montant jugé insuffisant pour venir en aide à l'Espagne et l'Italie si ces pays ne parviennent plus à emprunter à des taux soutenables sur les marchés, selon les experts.

Cependant «il est clair qu'avec la pression des agences de notation, il est impossible pour les États «sains» d'augmenter la taille du MES», estiment les analystes d'Aurel BGC.

L'Allemagne, la France et 13 autres pays de la zone euro sont en effet sous la menace imminente d'une dégradation de leurs notes souveraines par l'agence de notation Standard & Poor's.

Déjà, l'Allemagne va devoir inscrire une dépense supplémentaire de 4,3 milliards d'euros au budget fédéral 2012 à la suite de la décision des Européens d'avancer d'un an l'entrée en activité du MES, selon le responsable des questions budgétaires du parti conservateur CDU.

L'Allemagne peut toutefois se consoler grâce à sa capacité à emprunter à des taux très bas, comme l'a encore montré le résultat d'une émission obligataire à deux ans mercredi.

Pour l'Italie en revanche la situation est toujours compliquée: le Trésor italien a émis mercredi 3 milliards d'euros d'obligations à cinq ans, soit le maximum prévu, mais à des taux d'intérêt en hausse, à 6,47% contre 6,29% lors de la précédente opération similaire en novembre.

L'économie réelle en zone euro donne toujours des signes de fatigue inquiétants: la production industrielle de la région a légèrement reculé de 0,1% en octobre, selon des données publiées mercredi par l'office européen des statistiques Eurostat, alors que les analystes tablaient sur un chiffre stable.

Et l'essoufflement de l'économie allemande, première économie de la zone euro, inquiétait les investisseurs: l'institut Ifo prévoit un net ralentissement de la croissance outre-Rhin en 2012 à +0,4% contre +3% cette année.

Ironie du sort dans ce contexte morose, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a célébré à Berlin les 10 ans de la mise en circulation de l'euro en compagnie du président de la Banque centrale allemande Jens Weidmann.

«Il est douloureux de voir que récemment» outre le symbole de l'intégration européenne, «l'euro est aussi devenu le symbole de la crise», a déploré M. Weidmann.