Le ministre des Finances grec a entamé lundi des négociations «cruciales», mais «difficiles» avec des inspecteurs des créanciers du pays et le représentant des banques chargé de négocier l'effacement d'une partie de la dette publique.

«Nous allons faire un effort surhumain pour avoir les résultats requis», soit «sortir la Grèce de l'impasse», a affirmé le ministre Evangélos Vénizélos, rendant compte dans une conférence de presse d'une première série de rencontres «non seulement cruciales, mais aussi difficiles».

Il a émis l'espoir que ces pourparlers, menés d'une part avec les chefs de la mission de la troïka (Fonds monétaire international, Commission et Banque centrale européennes) et d'autre part avec le chef de l'Institut de la finance internationale (IIF), le lobby bancaire mondial, Charles Dallara, soient conclus d'ici fin janvier.

Les négociations avec l'UE et le FMI visent à débloquer le nouveau plan d'aide à la Grèce mis en place par la zone euro fin octobre, avec un premier versement de prêts au pays et un soutien aux banques créancières «d'un montant de 89 milliards d'euros d'ici fin janvier», a précisé le ministre.

Au total, la zone euro a promis 130 milliards de prêts et soutiens aux banques.

Avant tout versement, les inspecteurs de la troïka doivent évaluer la marche du redressement budgétaire et l'avancée des réformes structurelles promises, en particulier en matière de perception des impôts, où le manque à gagner est évalué à 60 milliards d'euros ces dernières années.

Selon M. Vénizélos, la mission, qui doit rester environ une semaine à Athènes fera une pause pour les fêtes, après lesquelles les négociations rentreront dans le vif du sujet «à la mi-janvier».

Le ministre a exclu dans l'immédiat de nouveaux sacrifices pour les Grecs, tout en soulignant qu'un tour de vis supplémentaire pourrait être réclamé au pays si les objectifs du budget 2011 n'étaient finalement pas atteints.

Il a renvoyé la responsabilité d'éventuelles mesures sur le prochain gouvernement appelé à relayer, en principe après des législatives au printemps, l'actuel exécutif de coalition formé en novembre après la démission du premier ministre socialiste Georges Papandréou.

Sur le deuxième volet du plan de désendettement du pays, M. Vénizélos s'est affirmé «très optimiste sur l'issue de l'opération d'échange d'obligations» dite de PSI (private sector involvement), dont il a discuté dans la matinée avec M. Dallara.

Se refusant à tout détail sur le contenu des pourparlers, il a émis l'espoir qu'ils avanceraient «le plus vite possible» en vue d'une conclusion «d'ici fin janvier».

Ces discussions avec les détenteurs privés d'obligations souveraines grecques portent sur l'effacement de 50% de la dette qu'ils détiennent (100 milliards d'euros) sur un montant total de la dette grecque supérieur à 350 mds EUR.

En contrepartie de la perte qu'elles essuieront, les banques internationales et grecques ont déjà obtenu une garantie de 30 milliards d'euros sur les nouveaux titres qui seront émis. Pour les banques grecques, il est aussi prévu un fonds de 30 milliards supplémentaires pour les recapitaliser.

Selon l'accord européen du 26-27 octobre, l'objectif de cette négociation est de ramener la dette grecque à 120% du PIB d'ici 2020, au lieu de plus de 160% du PIB actuellement.

Mais selon des fuites dans la presse grecque, les banques qui perdent sur le capital essaient de se rattraper sur les taux d'intérêt en réclamant une rémunération de 8% pendant 20 à 30 ans sur les nouveaux titres qui seront émis, qui s'ajoute à la garantie qu'elles ont déjà acquise auprès des États européens.

Ce qui fait dire à certains économistes de gauche, comme Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint de la revue Alternatives économiques, que les grandes banques sont en train de remettre «complètement en cause les décisions européennes du 26 et 27 octobre dernier» en cherchant à «minimiser la contrainte qui leur est imposée d'annuler 50% de leurs créances sur la Grèce».