Le commissaire européen chargé des marchés financiers, Michel Barnier, s'est étonné mardi que l'agence d'évaluation américaine Standard & Poor's n'ait pas attendu le résultat du sommet européen de cette semaine pour prendre position sur les pays de la zone euro.

«Sur la forme, ces appréciations interviennent trois jours avant un Conseil européen (le sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne prévu jeudi et vendredi à Bruxelles, NDLR) plutôt qu'après pour en évaluer l'impact», a relevé M. Barnier lors d'une rencontre avec quelques journalistes.

Il s'est refusé à envisager que l'agence américaine ait choisi le moment à dessein pour faire pression sur les gouvernements européens. «Je n'imagine pas cela», a-t-il dit, «je ne vais pas faire de procès d'intention aux agences de notation, je ne mène pas de combat idéologique».

En Allemagne, le ton est plus dur sur le sujet après que Standard & Poor's a menacé lundi de priver de leur notation d'excellence en matière d'endettement, le triple A, les six pays de l'Union monétaire qui en bénéficient encore aujourd'hui: l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas.

«Je ne suis pas partisan des théories du complot mais quelquefois il est difficile de se défaire de l'impression que certaines agences de notation et certains gestionnaires de fonds américains travaillent contre la zone euro», a ainsi déclaré au quotidien Handelsblatt, Rainer Brüderle, ténor du parti libéral FDP et ancien ministre de l'Économie.

M. Barnier a pour sa part appelé à relativiser les avis des agences de notation. «C'est une appréciation et une opinion parmi d'autres», a-t-il dit.

«Ce qui m'importe concernant les agences c'est que le cadre dans lequel elles travaillent soit rigoureux, objectif, transparent et à l'abri de tout conflit d'intérêts», a-t-il dit, en faisant référence aux différentes mesures prises dans l'UE en la matière et celles en cours de discussions».

«Les acteurs financiers et les agences de notation au premier plan doivent comprendre qu'ils seront soumis à une régulation publique qui a été depuis 15 ans insuffisante et longtemps défaillante», a assuré M. Barnier.