L'agence d'évaluation financière américaine Standard & Poor's a annoncé lundi qu'elle envisageait d'abaisser la note de solvabilité à long terme des six pays de la zone euro notés «AAA», dont l'Allemagne et la France, et celles de neuf autres pays de la zone.

S&P indique dans un communiqué avoir placé «sous surveillance négative» les notes d'endettement à long terme de quinze pays de la zone euro, dont celles qu'elle attribue à l'Allemagne, à l'Autriche, à la Finlande, à la France, au Luxembourg et aux Pays-Bas, six pays notés «AAA», la meilleure note possible.

La note de la France est menacée d'un abaissement de «deux crans», à «AA».

S&P a attribué à la note de la France une perspective en 1989. Jusqu'à lundi, celle-ci n'avait jamais changé, et était restée toujours «stable».

Pour les cinq autres pays notés «AAA», l'agence ne prévoit, dans le pire des cas, qu'un abaissement d'un cran, à «AA+».

Les «mises sous surveillance sont motivées par notre conviction selon laquelle les tensions systémiques dans la zone euro ont augmenté ces dernières semaines jusqu'au point de faire pression à la baisse sur le degré de solvabilité de la zone euro dans son ensemble», écrit Standard & Poor's.

Les deux seuls pays de la zone euro à ne pas être touchés par son annonce sont la Grèce, dont la note correspond actuellement au défaut de paiement, et Chypre, dont S&P a placé précédemment la note d'endettement à long terme sous «surveillance négative».

Lorsqu'une agence de notation place une note sous surveillance négative, cela signifie qu'elle juge supérieure à 50% la probabilité que celle-ci soit abaissée sous trois mois, mais S&P a indiqué qu'elle comptait achever son passage en revue des éléments soutenant la notation des quinze pays européens menacés lundi «aussi vite que possible après le sommet européen du 9 décembre».

Ce sommet prévu des dirigeants de l'UE devant avoir lieu les 8 et 9 décembre à Bruxelles doit permettre d'accoucher d'un plan de sauvetage de la zone euro crédible aux yeux du monde entier.

S&P écrit que les «tensions systémiques» qu'elle a identifiées «découlent de cinq facteurs interdépendants»:

- «une restriction de l'accès au crédit pour tous les pays de la zone euro»,

- une «hausse prononcée» des taux d'emprunts pour un nombre croissant de pays, dont ceux notés actuellement «AAA»,

- «la poursuite des désaccords entre les dirigeants européens sur les moyens de s'attaquer à la crise de confiance actuelle des marchés, et à plus long terme sur la façon d'assurer une convergence économique, financière et budgétaire plus grande entre les pays membres de la zone euro»,

- le «niveau élevé» de l'endettement des États et des ménages dans une «grande partie de la zone euro»,

- «le risque croissant de récession pour l'ensemble de la zone euro en 2012».

Sur ce dernier point, l'agence précise qu'elle évalue ce risque à 40%, et qu'elle prévoit une récession en Espagne, au Portugal et en Grèce en 2012.

Concurrente de S&P, l'agence américaine Moody's avait adressé un avertissement à l'Europe en estimant le 27 novembre que l'aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro menaçait les notes de solvabilité de tous les États européens, même ceux notés «AAA».