Le chef du gouvernement italien Mario Monti, dont la cure anti-crise draconienne était saluée lundi par les marchés, a affirmé que ses mesures allaient éviter à l'Italie de «s'écrouler» et de finir comme la Grèce.

«Sans ce paquet (de mesures), l'Italie s'écroule, va vers une situation similaire à celle de la Grèce», pays pour qui «nous avons beaucoup de sympathie, mais que nous ne voulons pas imiter», a-t-il déclaré devant la presse internationale à Rome.

«Nous avons fait hier notre part» pour tenter de résoudre la crise de la zone euro alors que s'ouvre «une semaine très cruciale» pour l'avenir de la monnaie unique suspendu au sommet européen de vendredi, a ajouté l'ex-commissaire européen, arrivé à la tête de l'Italie il y a trois semaines.

Pour lui, il faut «éviter que l'euro, fait pour unir les Européens, les divise».

M. Monti doit présenter son plan à la Chambre des députés à 15h00 GMT (10h00 à Montréal)  et au Sénat à 17h00 GMT.

Sur les marchés, les investisseurs saluaient le «décret pour sauver l'Italie» comme l'a baptisé M. Monti, composé de mesures de rigueur d'environ 20 milliards d'euros et de mesures de relance de 10 milliards.

La Bourse de Milan bondissait de plus de 3% à la mi-journée, tandis que les taux d'emprunt à dix ans de l'Italie, qui s'étaient envolés ces derniers temps à plus de 7%, un niveau insoutenable pour le pays qui croule sous une dette représentant 120% de son PIB, se détendaient fortement et évoluaient autour de 6,2%.

Présentant son plan dimanche soir sur un ton dramatique et solennel, l'ex-commissaire européen avait assuré aux Italiens qu'«ensemble nous y arriverons» avant d'annoncer qu'il renonçait à son salaire, un «devoir» face à la lourdeur des mesures imposées au pays.

Dossier le plus brûlant, le gouvernement s'est attaqué frontalement aux retraites avec une augmentation du nombre d'années de cotisation, une accélération du relèvement prévu de l'âge de départ des femmes ainsi qu'un gel en 2012 et 2013 de l'indexation sur l'inflation des pensions de plus de 960 euros.

Une demande de «sacrifices» qui a fait fondre en larmes la ministre des Affaires sociales Elsa Fornero, une image reprise en boucle par les médias.

Les mesures de rigueur, qui doivent permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013, prévoient en outre des coupes dans les dépenses publiques, une augmentation de la fiscalité sur l'immobilier, une nouvelle taxe sur les biens de luxe (voitures, yachts, avions privés) ou une hausse de la TVA de deux points à 23% si nécessaire.

Tout en reconnaissant comprendre «la préoccupation» relative aux effets potentiellement récessifs de son plan, M. Monti a mis en avant les «réformes structurelles pour la croissance» présentes dans son plan.

En vue de relancer l'économie qui devrait être frappée l'an prochain par la récession, le gouvernement a décidé de réduire les charges sociales pour les entreprises qui embauchent et a pris des mesures pour garantir les prêts aux PME et le refinancement des banques ou pour stimuler la recherche.

Mais il a admis que ces mesures bénéficieraient «aux Italiens et à (ses) successeurs», jugeant peu probable que «des effets significatifs» soient «perceptibles» durant le mandat de son gouvernement de technocrates qui «disparaîtra de la scène» politique une fois sa tâche accomplie, c'est-à-dire à la fin de la législature en 2013.

Le chef du gouvernement, qui veut faire adopter son plan anti-crise avant Noël, a assuré par ailleurs qu'il pouvait compter sur le soutien de la majorité de la classe politique. «Nous avons les mains moins liées» que les précédents gouvernements, a-t-il estimé.

Hormis le parti populiste de la Ligue du Nord, les principales formations politiques se sont en effet ralliées à cette cure. Parfois cependant avec un «oui, mais» comme le Parti Démocrate (gauche) dont le leader Pier Luigi Bersani a souligné que ce plan ne répondait «pas à tous ses critères d'équité».

Les syndicats sont en revanche immédiatement montés au front, la secrétaire générale de la CGIL (gauche) Susanna Camusso dénonçant des mesures «socialement insupportables» et «un coup très dur pour les retraités».

La Fiom, branche métallurgie de la CGIL, a d'ailleurs annoncé que son mouvement de grève prévu le 16 décembre, initialement contre le groupe automobile Fiat, serait également l'occasion de protester contre les mesures de rigueur du gouvernement.