La crise de la dette dans la zone euro devait dominer lundi la rencontre au sommet entre le président Barack Obama et les dirigeants de l'Union européenne, les États-Unis s'inquiétant de plus en plus de son impact sur la reprise américaine.

Le président de l'UE Herman Van Rompuy et celui de la Commission européenne José Manuel Barroso sont attendus à ce matin à la Maison Blanche pour une réunion suivie d'un déjeuner de travail, une visite qui intervient alors que la crise européenne a pris un tour encore plus aigu ces deux derniers jours.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a ainsi prévenu lundi que la zone euro semblait être entrée en «légère récession», et mis en garde sur ses possibles conséquences «dévastatrices» de la crise sur l'économie mondiale.

En conséquence, l'OCDE a revu nettement à la baisse ses prévisions de croissance pour l'UE mais aussi pour les États-Unis, dont le PIB progresserait de 2% l'an prochain, au lieu de 3,1%.

Il s'agit d'une très mauvaise nouvelle pour M. Obama, candidat en novembre 2012 à sa succession. Ses adversaires républicains ne se privent pas de l'attaquer sur son bilan économique peu reluisant, entre chômage à 9% et croissance anémique.

«Nous avons tous grandement intérêt à ce que l'Europe réussisse, et nous serons tous affectés si l'Europe ne connaît pas la croissance (...) Si l'Europe ne croît pas, ce sera difficile pour nous de faire ce que nous devons faire pour les Américains», avait plaidé M. Obama au G20 de Cannes le 4 novembre.

«Nous continuons à presser l'Europe d'appliquer rapidement le plan qu'ils ont présenté» fin octobre à Bruxelles pour résoudre la crise de la dette, avait de son côté indiqué le 21 novembre le porte-parole de M. Obama, Jay Carney, notant que «l'installation de nouveaux gouvernements en Italie, en Grèce et en Espagne rend cette application encore plus importante».

M. Obama devrait faire passer le même message à MM. Van Rompuy et Barroso pendant leur réunion, ainsi que lors de déclarations à la presse prévues à 13h40.

Les États unis ont manifesté leur impatience ces derniers mois face à la lenteur perçue de la réaction européenne face à cette crise, qui, a prévenu dimanche l'agence de notation financière Moody's, menace les notes de solvabilité de tous les États européens, même les plus solides.

Et dans un commentaire mordant pour les autorités de Bruxelles, Moody's a aussi estimé qu'«alors que la zone euro dans son ensemble possède une force économique et financière énorme, la faiblesse de ses institutions continue d'entraver la résolution de la crise et de peser sur les notes».

Reste que les interlocuteurs européens de M. Obama lundi pourraient lui faire remarquer qu'il est mal placé pour donner des leçons en matière de responsabilité budgétaire, au moment où la dette américaine vient de dépasser les 15.000 milliards de dollars, en progression inexorable vers les 100% du PIB.

Faute d'accord avec les républicains du Congrès, les mesures de réduction du déficit prônées par M. Obama sont jusqu'ici restées lettre morte, situation qui a conduit les agences de notation à placer Washington sous surveillance. Standard & Poor's a du reste déjà abaissé début août à «AA+», la deuxième meilleure possible, la note américaine.

La réunion de lundi, à laquelle participeront aussi les chefs de la diplomatie européenne Catherine Ashton et américaine Hillary Clinton, est également censée évoquer la coordination face aux évolutions politiques dans le monde arabe, notamment en Syrie et en Égypte.

Depuis le début de sa présidence, M. Obama a assidûment courtisé la région Asie-Pacifique, ce qui a parfois été vu par les Européens comme une marque de désintérêt à leur endroit. Le précédent sommet USA-UE, à Lisbonne il y a un an, avait lui aussi été expédié en moins de deux heures.