La zone euro semble être entrée en «légère récession» en raison de la crise de la dette qui, en cas d'aggravation, pourrait avoir des conséquences «dévastatrices», a averti lundi l'OCDE, en appelant à une action urgente de la Banque centrale européenne (BCE).

Dans ses prévisions semestrielles, l'Organisation de coopération et de développement économiques revoit nettement à la baisse ses attentes par rapport aux précédentes publiées en mai.

La croissance mondiale devrait encore ralentir: après 3,8% cette année, elle freinerait à 3,4% l'an prochain (au lieu de 4,6% prévus précédemment). Et la reprise, à partir de mi-2012, «ne sera que progressive» et «modeste», tirée par les pays émergents.

Le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis progresserait de 2% l'an prochain (au lieu de 3,1%), puis accélérerait quelque peu en 2013, à 2,5%.

Dans la zone euro, la révision est encore plus drastique: l'économie devrait quasiment stagner en 2012 (0,2% au lieu de 2%). La croissance rebondirait péniblement l'année suivante, à 1,4%.

«La zone euro semble traverser une légère récession», prévient d'ailleurs le club des pays les plus riches de la planète.

Cela se traduit par un recul attendu du PIB de l'Union monétaire, mais aussi de chacune de ses trois premières économies (Allemagne, France et Italie) au dernier trimestre 2011 puis au cours des trois premiers mois de 2012, voire jusqu'au printemps pour l'économie italienne.

L'OCDE est la première institution internationale à annoncer une entrée en récession de la zone euro.

«Après une brève amélioration, le chômage est reparti à la hausse dans plusieurs pays, notamment en Europe», explique aussi l'organisation, qui ne voit pas de reflux à l'horizon dans la zone euro.

L'OCDE critique la gestion de la crise par les gouvernements européens. «Les déséquilibres au sein de la zone euro (...) n'ont pas été convenablement traités», déplore-t-elle. Elle évoque la «possibilité» désormais réelle d'un défaut de paiement d'un Etat européen et une «perte de confiance» dans «l'Union monétaire elle-même».

«La zone euro représente le risque clé pour l'économie mondiale», explique l'organisation. Car selon le rapport, le scénario central de ces prévisions, qui suppose que la crise ne dégénère pas, n'est pas forcément le plus probable.

Alors que «la contagion est entrée dans une nouvelle phase», touchant des pays jugés solides comme la France, les résultats «d'un événement négatif majeur dans la zone euro» pourraient être «très dévastateurs», met en garde l'organisation.

Cela «ferait très vraisemblablement basculer toute la zone OCDE dans une récession, avec un recul sensible de l'activité aux États-Unis et au Japon, tandis qu'il prolongerait et aggraverait la récession dans la zone euro», détaille son chef économiste Pier Carlo Padoan. Même «les économies émergentes ne seraient pas épargnées», souligne-t-il.

Un autre risque vient des États-Unis: «si aucune mesure n'est prise pour contrer le resserrement budgétaire préprogrammé», cela «pourrait faire basculer l'économie américaine dans une récession que la politique monétaire aurait bien du mal à contrecarrer», estiment encore les économistes de l'OCDE.

C'est pourquoi «les décideurs doivent se préparer au pire» et les banques centrales doivent conserver des taux d'intérêt «proches de zéro», quitte à les baisser en Europe.

Pour éviter le pire, la BCE «doit jouer un rôle clé pour fournir les ressources nécessaires», le fonds de secours de la zone euro s'avérant insuffisant, juge l'OCDE.

Il faut envisager «une plus grande utilisation des ressources de la BCE», a estimé M. Padoan, car «c'est le seul instrument efficace pour faire barrage à la contagion». «La situation est grave», «il faut agir maintenant», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse.