L'ambassadeur des États-Unis auprès de l'Union européenne a laissé entendre mardi que la Banque centrale européenne avait le «potentiel» de faire davantage afin de résoudre la crise de la dette en zone euro, alors que le débat fait rage en Europe sur cette question.

«Nous suivons avec une vive attention ce que la Banque centrale européenne est capable de faire ainsi que le potentiel qu'elle a de faire davantage» face à la crise, a déclaré William Kennard, lors d'une rencontre avec quelques journalistes à Bruxelles.

De nombreux économistes estiment que seule la BCE est en mesure aujourd'hui de jouer efficacement les pompiers pour éteindre l'incendie et qu'elle devrait suivre l'exemple de la Réserve fédérale (Fed). La banque centrale américaine agit en tant que «prêteur en dernier ressort» de l'administration en rachetant sans limites sur les marchés les emprunts du Trésor américain.

«Lors du pic de la crise (financière) que nous avons connue (aux États-Unis), nous avons été en mesure d'utiliser la Fed d'une manière différente de celle dont l'Europe peut utiliser la BCE. Il s'agit d'une différence structurelle fondamentale», a estimé l'ambassadeur.

M. Kennard a ajouté ne pas savoir comment allait évoluer la crise de la dette.

«L'issue de cette crise est assez imprévisible, nous ne savons pas comment elle va être résolue et je pense que personne ne le sait», a-t-il dit.

Plusieurs pays, France en tête, plaident depuis longtemps pour que l'institut monétaire de Francfort joue un rôle accru. Paris a ainsi proposé qu'il puisse prêter sans limites au Fonds de secours de la zone euro pour les pays en difficulté.

«Si on ne fait pas intervenir la BCE, tout pètera», a déclaré mardi Jean Peyrelevade, ancien patron de la banque française Crédit Lyonnais et actuel président de la banque d'affaires européenne Leonardo.

Mais l'Allemagne, et la BCE elle-même s'opposent pour le moment à une telle évolution. Berlin redoute d'une part qu'en faisant ainsi tourner la planche à billets l'inflation ne s'envole. Le gouvernement craint aussi que cela n'incite les pays très endettés à ne plus faire d'efforts de réduction de leurs déficits.

Dans l'immédiat, la BCE aide les pays fragiles comme l'Italie ou l'Espagne en rachetant des montants limités de leurs emprunts obligataires sur les marchés, afin de freiner la hausse des taux obligataires.

La BCE est «l'alternative principale» à court terme pour lutter contre la contagion de la crise de la dette, a indiqué mardi une source proche de la Commission européenne à Berlin.

L'ambassadeur américain auprès de l'UE a en outre réaffirmé les fortes réticences de son pays à augmenter les ressources du Fonds monétaire international afin de lui donner davantage de moyens pour aider les pays en crise au sein de la zone euro.

«Nous avons dit très clairement que nous pensons qu'il s'agit d'une crise que l'Europe doit résoudre par ses propres moyens et qu'elle a les ressources pour le faire», a-t-il dit, en demandant notamment que soient mobilisées «des ressources significatives» afin de dresser un pare-feu financier efficace face aux risques de contagion.