La croissance a plafonné dans la zone euro au troisième trimestre et risque de faire prochainement long feu avec une menace de basculement dans la récession l'an prochain en raison du contrecoup de la crise de la dette.

Selon une première estimation publiée mardi par l'office européen des statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a crû de 0,2% de juillet à fin septembre, soit autant que sur le trimestre précédent.

Ce chiffre correspond aux attentes des analystes, mais il «risque d'être le dernier léger sursaut avant un nouveau creux de l'activité. Profitons-en pendant que ça dure», estime Martin Van Vliet, analyste de la banque ING.

De nombreux analystes tablent en effet sur une contraction de l'activité au quatrième trimestre en raison de la crise de la dette qui n'en finit pas, comme en témoigne l'envolée mardi des taux italiens et espagnols sur le marché de la dette. Les deux pays sont dans le viseur des marchés.

Pour Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, le PIB de la zone euro devrait reculer de 0,25% au quatrième trimestre tandis que son confrère chez ING table sur un repli de 0,3% sur la même période.

Pire, l'activité devrait continuer de se contracter début 2012 dans un contexte déprimé par la crise de la dette qui partout impose l'austérité et risque de provoquer un cercle vicieux pour l'activité.

Cette situation serait synonyme de retour en récession pour la zone euro, trois ans après la crise financière de 2008. Techniquement, une récession se définit à partir de deux trimestres consécutifs de recul de l'activité.

Les responsables politiques européens n'écartent d'ailleurs plus ce scénario.

«Nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession», a admis le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, lors de la publication des prévisions économiques de l'exécutif européen.

«Beaucoup va dépendre des développements de la crise de la dette», souligne M. Archer, invitant la zone euro à tout faire pour résoudre la crise.

Par conséquent, la croissance enregistrée au troisième trimestre apporte un soulagement de bien courte durée.

Eurostat ne donne pas de détails sur les composantes de la croissance, mais pour de nombreux analystes, le PIB a légèrement progressé grâce à la consommation en Allemagne, aux investissements des entreprises et aux exportations dans l'ensemble de l'Union monétaire, des éléments qui devraient être affectés rapidement par le tour pris par la crise de la dette.

Preuve en est: l'activité en zone euro a connu un sursaut en juillet et en août avant de s'essouffler, souligne M. Van Vliet.

Entre temps, les indicateurs annonçant une dégradation de l'activité se sont multipliés, comme la production industrielle, publiée lundi, qui a chuté de 2% en septembre.

Dans le détail, l'Allemagne, la France et l'Autriche ont résisté à la morosité ambiante au troisième trimestre, mais les autres pays ont traversé une mauvaise passe.

La première économie de la zone euro a enregistré une croissance de 0,5%, une meilleure performance que celle de son voisin français (+0,4%). Le PIB autrichien a lui progressé de 0,3%.

En revanche, la croissance a stagné en Espagne et en Belgique et s'est contractée aux Pays-Bas (-0,3%), une première depuis 2009, et au Portugal (-0,4%). En Grèce, le PIB s'est contracté de 5,2% au troisième trimestre.

Au niveau mondial, la zone euro décroche, faisant moins bien qu'aux États-Unis, où la croissance au troisième trimestre a atteint 0,6% par rapport au trimestre précédent, et au Japon où le PIB s'est envolé de 1,5% sur la même période après, il est vrai, un recul au trimestre précédent.