L'Italie et la Grèce s'efforçaient jeudi de dégager la voie à la formation au plus vite d'un gouvernement crédible, sous les regards inquiets des marchés et de la zone euro, où la récession menace désormais de s'installer.

L'Italie et la Grèce s'efforçaient jeudi de dégager la voie à la formation au plus vite d'un gouvernement crédible, sous les regards inquiets des marchés et de la zone euro, où la récession menace désormais de s'installer.

L'Italie, où Silvio Berlusconi a annoncé sa démission prochaine, était en passe dans la matinée de mettre fin à l'incertitude politique, qui a brutalement fait chuter les marchés mercredi en Europe et jeudi en Asie. Le président du Conseil sortant a adoubé son successeur pressenti, l'ancien commissaire européen Mario Monti, «pour le bien de l'Italie».

La Bourse de Milan a immédiatement salué cette décision en passant la barre des 3% de hausse, avant de se replier en fin de matinée. Les autres places financières européennes ont suivi, Francfort dépassant les 1,5% et Paris les 1,20%, avant un repli de ces deux Bourses sous la barre des 1%.

Mario Monti, économiste respecté âgé de 68 ans, pourrait être mandaté dès ce week-end en vue de former un gouvernement d'union nationale, option que semble privilégier le chef de l'État, Giorgio Napolitano, et qui a la faveur des marchés.

Le taux auquel l'Italie emprunte pour financer sa dette sur dix ans est brièvement repassé sous la barre des 7%, avant de remonter à nouveau, dans l'attente d'une confirmation de la nomination de M. Monti. Rome est parvenu à emprunter, sur un an cette fois, cinq milliards d'euros, mais en payant le prix fort avec un taux de plus de 6% contre 3,5% lors d'une précédente émission obligataire.

Cette envolée des taux est une menace pour l'économie réelle, a averti le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Un scénario presque identique se dessinait également à Athènes, avec l'arrivée au palais présidentiel grec de l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne, Lucas Papademos, pour des entretiens portant sur la formation d'un gouvernement d'union nationale.

Photo Reuters

La nomination à la présidence de l'ex-commissaire européen Mario Monti, économiste respecté de 68 ans, viserait à rétablir la crédibilité fortement entamée du gouvernement italien. Reste toutefois pour le chef de l'État à s'assurer qu'il disposera d'une majorité suffisante pour mener à bien sa tâche.

Après une série de coups de théâtre, le nom de l'ex-gouverneur de la Banque centrale grecque, Lucas Papademos, 64 ans, fait de nouveau figure de favori pour succéder à Georges Papandréou, démissionnaire.

Une «clarification politique» est nécessaire en Italie et en Grèce, avait réclamé plus tôt jeudi à Pékin la directrice générale du FMI Christine Lagarde.

Et cela d'autant que les prévisions de croissance en Europe pour l'an prochain sont pour le moins pessimistes.

«La croissance s'est arrêtée en Europe et nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession», a prévenu jeudi M. Rehn, à l'occasion de la publication des prévisions économiques d'automne de l'exécutif européen à Bruxelles.

Techniquement, une récession se définit à partir d'au moins deux trimestres consécutifs de recul de l'activité économique. Pour l'Europe, il s'agirait de la deuxième récession en trois ans, après celle née de la crise financière en 2008.

L'Italie en pleine tourmente devrait connaître une stagnation de son Produit intérieur brut en 2012 (+0,1%), alors que la Commission tablait en mai dernier sur une croissance de 1,3%. La situation devrait péniblement s'améliorer en 2013, avec une progression du PIB de 0,7%, selon la Commission.

Et la Grèce devrait rester en récession l'an prochain, avec un recul du PIB de 2,8% alors que Bruxelles tablait encore au printemps sur une croissance de 1,1%. La Commission s'attend désormais à un retour de la croissance en 2013 seulement pour la Grèce, avec une progression du PIB de 0,7%.

Le pessimisme est également de mise pour les locomotives de la zone euro, l'Allemagne et la France, qui sont deux pays parmi les mieux notés en Europe.

Bruxelles envisage désormais une croissance de seulement 0,8% en Allemagne alors que Berlin vient d'abaisser sa prévision à 1%.

Concernant la France, Bruxelles se montre encore plus sévère et mise sur une croissance de 0,6% en 2012. Le gouvernement français table lui sur une croissance de 1%, un chiffre déjà révisé en baisse.

La Commission européenne veut d'ailleurs que Paris prenne de nouvelles mesures pour réduire le déficit en 2013.

Signe de l'inquiétude des marchés sur la capacité de la France à réduire son endettement, l'écart entre le taux des obligations à 10 ans de l'Allemagne et de la France sur le marché de la dette a atteint un nouveau plus haut historique jeudi.

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Le nom de l'ex-gouverneur de la Banque centrale grecque, Lucas Papademos, 64 ans, fait figure de favori pour succéder à Georges Papandréou, démissionnaire.