L'Italie menace d'être à son tour entraîné dans la spirale de la crise de la dette dans la zone euro avec une envolée de ses taux d'emprunt sur les marchés lundi, la Grèce, quant à elle, progressant vers la formation d'un gouvernement d'union nationale.

Cette situation a poussé l'Europe à demander aux deux pays de s'engager clairement à adopter des mesures d'économies budgétaires dans l'espoir de stopper la contagion d'une crise qui dure maintenant depuis deux ans, tandis que la France à redoublé d'efforts pour éviter d'être la prochaine victime.

Les taux auxquels Rome se finance sur le marché obligataire pour emprunter ont atteint un niveau record, plus de 6,6%, jugé insoutenable dans la durée. Les marchés sanctionnent l'Italie pour sa politique jugée laxiste, et visent le chef du gouvernement Silvio Berlusconi. Des rumeurs de démission ont d'ailleurs circulé dans la journée avant d'être démenties.

Il est «essentiel que l'Italie respecte ses engagements budgétaires et intensifie les réformes structurelles», a déclaré lundi le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Choisissant une métaphore inspirée du football, il a encouragé Rome à pratiquer le «catenaccio» en matière budgétaire, un jeu autrefois cher à l'équipe nationale italienne et fondé sur une défense rigoureuse.

Une mission d'experts de la Commission doit s'y rendre cette semaine pour surveiller la mise en place des réformes promises. Mais ce n'est pas tout. L'Italie va faire l'objet en sus d'un contrôle du FMI ainsi que de la Banque centrale européenne, a annoncé M. Juncker.

De ce fait, ce pays ne sera pas loin du traitement réservé aux pays de la zone euro ayant été contraints de recourir à l'aide internationale, comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal.

Ces trois États font l'objet de missions régulières d'inspection d'une «troïka» de leurs bailleurs de fonds, constituée d'experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI.

La situation politique italienne est très volatile. Silvio Berlusconi lutte pour sa survie politique et a dû démentir des rumeurs sur sa démission dans la journée.

Il a en outre refusé tout éventuel gouvernement d'unité nationale incluant la gauche. Sur le papier, toutefois, il n'aurait plus la majorité absolue de 316 députés à la Chambre.

La zone euro s'est montrée encore plus ferme avec la Grèce. Elle a exigé que les socialistes et la droite qui vont former un gouvernement de coalition, s'engagent par lettre à tenir les promesses d'économies budgétaires, condition sine qua non avant le versement de tous nouveaux prêts au pays.

De cet engagement écrit dépendra notamment le déblocage de huit milliards d'euros tirés du premier plan de sauvetage à la Grèce. Cette somme est vitale pour ce pays qui risque sinon de se retrouver en cessation de paiement d'ici à mi-décembre.

Dans le meilleur des cas, ce versement pourra intervenir «dans le courant de novembre», a indiqué M. Rehn.

La zone euro avait donné son accord de principe il y a une quinzaine jours au déblocage de cette somme, mais entre-temps la donne a changé, avec l'annonce d'un référendum en Grèce finalement abandonné et l'accord trouvé pour former un gouvernement d'union nationale.

Dans la soirée, le premier ministre sortant Georges Papandréou et son rival conservateur Antonis Samaras ont trouvé un accord pour la formation du gouvernement, mais ne prévoyaient pas d'annonce de sa composition avant mardi, selon la télévision publique grecque.

Face au risque de contagion de la crise, la zone euro doit de toute urgence renforcer son Fonds de secours pour les pays en difficulté (FESF), un instrument essentiel.

Cela devrait être en partie fait à partir de décembre, mais il faudra attendre février pour finaliser toutes ses options, a annoncé M. Juncker.

Le 27 octobre, les dirigeants des pays de la zone euro avaient décidé de faire passer la force de frappe du FESF de 440 milliards d'euros à 1000 milliards d'euros environ grâce à des «effets de levier» permettant d'avoir une plus grande surface d'intervention sans augmenter les fonds de départ mis à disposition par les États. Deux options sont à l'étude.

La première option consiste à transformer le Fonds en un mécanisme d'assurances, qui incitera les investisseurs à acheter de la dette de pays fragiles en garantissant une partie de leurs pertes éventuelles.

L'autre, qui serait ou non combinée à la première, consiste à créer des structures spéciales liées au FESF et éventuellement adossées au FMI, pour accueillir les financements d'investisseurs européens ou des pays émergents.

En parallèle, le gouvernement français a mis les bouchées doubles lundi pour ne pas risquer d'être à son tour victime de la crise de la dette. Il a annoncé un nouveau plan de rigueur de sept milliards d'euros passant en particulier par une accélération d'une réforme prévue des retraites.

«Le mot de faillite n'est plus un mot abstrait», a averti le premier ministre François Fillon.

L'objectif est de ramener le déficit public à 4,5% du PIB en 2012. Il en va du précieux «triple A» de la France, attribué par les agences de notation et sésame pour emprunter à bas coût sur le marché de la dette.