La zone euro a mis lundi soir au pied du mur les socialistes et la droite en Grèce, appelés à former un gouvernement de coalition, en leur demandant un engagement écrit à respecter les promesses d'économies budgétaires et de réformes avant le versement de nouveaux prêts.

«Nous allons demander aux autorités grecques d'envoyer une lettre signée par les deux principaux partis, afin de réaffirmer» l'engagement du pays à respecter les mesures décidées pour assainir les comptes publics du pays ainsi que le plan de sauvetage du 27 octobre, a déclaré le chef de file des ministres des Finances de l'Union monétaire, Jean-Claude Juncker, à l'issue d'une réunion à Bruxelles.

Cette lettre est la condition posée au déblocage de la prochaine tranche de prêts de 8 milliards d'euros tirée du premier plan de sauvetage à la Grèce, vitale pour le pays qui risque sinon de se retrouver en cessation de paiement, a-t-il précisé.

Ce versement pourra intervenir «dans le courant de novembre» si cette condition est remplie, a précisé le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

La zone euro avait donné son accord de principe il y a un peu plus de quinze jours quant au versement de cette somme, mais entre-temps la donne a changé, avec l'annonce d'un référendum en Grèce finalement abandonné et l'accord trouvé pour former un gouvernement d'union nationale, dont le premier ministre Georges Papandréou ne devrait pas faire partie.

«Notre décision est toujours valide», a affirmé M. Juncker. «Nous attendons la confirmation par écrit que le gouvernement (d'union nationale) adopte tout cet ensemble de décisions», a-t-il poursuivi.

Le premier ministre grec sortant Georges Papandréou et son rival conservateur Antonis Samaras sont parvenus lundi soir à un accord sur le nouveau chef du gouvernement de coalition qu'ils se sont engagés dimanche à former.

Selon la télévision publique du pays, le nom du nouveau Premier ministre sera annoncé mardi, en même temps que la composition de ce nouveau cabinet, censé sortir la Grèce de sa grave crise économique et politique.

«L'unité aurait dû être réalisée il y a des mois», a commenté M. Juncker.

Les responsables européens se sont toutefois défendus d'être intervenus dans les affaires politiques intérieures d'un pays, en l'occurrence la Grèce, en appelant à un gouvernement d'unité nationale. Ils ont estimé que l'unité nationale était une nécessité pour ce pays face aux défis actuels.

M. Juncker s'est refusé à lancer un appel similaire concernant l'Italie, «car l'Italie ne fait pas l'objet d'un programme» d'aide internationale, comme la Grèce, l'Irlande ou le Portugal.

Dans un communiqué publié à Bruxelles, le ministre grec des Finances, Evangelos Vénizélos, a confirmé que le versement des 8 milliards d'euros interviendrait «dans la mesure où et dès que le nouveau gouvernement et les forces politiques qui le soutiennent confirmeront par écrit les engagements du pays liés aux décisions»prises le 27 octobre au cours d'un sommet de la zone euro.

Une équipe d'experts de la «troïka» des bailleurs de fonds de la Grèce (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI) se rendra sur place «immédiatement après» pour finaliser les détails du deuxième plan de sauvetage du pays décidé dans son pays le 27 octobre, a-t-il ajouté.

Ce plan prévoit un effort total de 230 milliards d'euros en faveur de la Grèce: 100 milliards d'euros d'effacement de la dette du pays par les banques créancières (sur un total d'endettement public d'environ 250 milliards d'euros), 30 milliards d'euros de garanties apportées par la zone euro pour convaincre les investisseurs privés d'échanger leurs obligations avec une décote de 50%, ainsi que 100 milliards d'euros de nouveaux prêts internationaux.