Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi luttait lundi pour sa survie politique, démentant toute volonté de démission alors que les marchés malmenaient l'Italie, mise sous surveillance par le FMI et Bruxelles et blâmée pour son manque de crédibilité.

«Je ne comprends pas comment ont pu circuler les rumeurs sur ma démission, elles sont dénuées de fondement. Je veux regarder droit dans les yeux ceux qui essayent de me trahir», a déclaré le Cavaliere au quotidien de droite Libero.

La pression monte contre Silvio Berlusconi qui, sur le papier, n'aurait plus la majorité absolue de 316 députés à la Chambre.

Aux prises avec la défection de trois députés de son parti, le PDL, qui ont rallié l'opposition centriste, il fait face en outre à l'émergence d'un groupe d'une vingtaine de «mécontents» au sein de sa formation dont le vote ne serait plus garanti.

Le premier vote test pour le chef du gouvernement aura lieu mardi et portera sur l'approbation par la Chambre du bilan 2010 de l'Etat italien avant un vote de confiance dans les prochains jours sur les mesures anti-crise promises fin octobre à l'Union européenne.

Ces rumeurs de démission ont été déclenchées par des déclarations d'un de ses proches, Giuliano Ferrara, et alimentées par des informations sur une rencontre entre le Cavaliere, ses enfants et le patron de son empire médiatique Mediaset, à Arcore, près de Milan (nord), pour parler d'une éventuelle démission.

«Que Berlusconi soit sur le point de céder la place, c'est désormais une chose claire, c'est une question d'heures voire de minutes», a affirmé M. Ferrara, directeur du journal de droite Il Foglio, avant de rectifier le tir en soulignant qu'il le lui conseillait comme «seule voie de sortie possible».

La réaction des marchés a été immédiate. Alors qu'elle avait lâché plus de 2% en début de séance, la Bourse de Milan a brusquement inversé la tendance et a bondi de près de 3% à la mi-journée en raison de ces rumeurs.

Après le démenti, elle ralentissait mais prenait encore 1,71% vers 10h40, les investisseurs pariant sur une fin prochaine du gouvernement Berlusconi, seule solution selon eux pour restaurer la crédibilité de l'Italie.

Malgré l'adoption cet été de mesures d'austérité draconiennes, censées permettre au pays d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette colossale de 1900 milliards d'euros (120% du PIB), et les promesses de réformes pour relancer la croissance, les marchés ne croient plus à la capacité de Silvio Berlusconi de faire face à la crise.

«Le gouvernement est au point mort et est de moins en moins crédible», souligne Tommaso Federici, responsable de la gestion à la banque Banca Ifigest.

Sur le marché obligataire, les investisseurs maintenaient donc la pression sur la dette italienne et les taux italiens à dix ans, qui ont atteint un record historique en début de matinée à plus de 6,6%, s'inscrivaient à 6,534%.

Et «les 7% seront testés d'ici peu», pronostique Cyril Regnat, stratégiste obligataire de la banque Natixis, un niveau auquel l'Italie ne serait «pas capable» de faire face «durant de long mois».

Face à la gravité de la situation, le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a jugé «essentiel que l'Italie respecte ses engagements budgétaires et intensifie les réformes structurelles», avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.

Alors que l'Italie a été placée lors du G20 de Cannes sous la surveillance du FMI et de l'UE, Bruxelles a en outre confirmé que sa mission arriverait à Rome «cette semaine», ajoutant qu'un «questionnaire» avait été déjà envoyé au gouvernement pour lui demander de «clarifier» le calendrier et l'impact budgétaire de ses réformes.

Lançant un message rassurant, le fidèle bras droit de M. Berlusconi, Gianni Letta, a toutefois promis que les engagements de l'Italie seraient maintenus «quels que soient les événements».