L'Europe a pressé lundi l'Italie et la Grèce de clarifier leurs intentions en matière de réformes et d'économies budgétaires, alors que la crise de la dette menace dangereusement de s'étendre et que la France se démène pour ne pas être la prochaine victime.

Une rencontre de l'Eurogroupe doit débuter à 17h00 (11h00 à Montréal)) à Bruxelles et sera suivie mardi matin par une rencontre des ministres des Finances de l'ensemble de l'Union européenne.

Ce rendez-vous devait au départ être consacré essentiellement aux modalités de renforcement du Fonds de secours de la zone euro aux pays en difficulté (FESF), un instrument essentiel dans la gestion de la crise de la dette. Mais les évènements à Rome comme à Athènes ont pris le dessus.

Préoccupée par l'aggravation de la crise, la Commission européenne a appelé lundi à «accélérer les travaux sur le renforcement de la capacité d'intervention du FESF», qui devaient au départ être finalisés d'ici fin novembre.

La zone euro avait décidé lors d'un sommet fin octobre de renforcer la capacité d'intervention de ce Fonds à 1000 milliards d'euros en le transformant en mécanisme de garantie partielle des pertes éventuelles des investisseurs qui achèteront de la dette publique d'États en difficulté.

Objectif: endiguer la contagion de la crise de la dette, qui menace aujourd'hui directement l'Italie, troisième économie de la zone euro, après avoir emporté la Grèce, l'Irlande et le Portugal.

La situation est devenue urgente. Les taux auxquels Rome se finance se rapprochent d'un niveau jugé insoutenable dans la durée, à plus de 6% sur dix ans. Pour les mêmes raisons, la Grèce, l'Irlande et le Portugal ont dans le passé été contraints de faire appel à l'aide internationale.

Les marchés sanctionnent l'Italie dont elle juge la politique laxiste et visent implicitement le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, de plus en plus poussé vers la sortie. Des rumeurs de démission ont d'ailleurs circulé dans la journée avant d'être démenties.

Il n'en reste pas moins que les ministres des Finances de la zone euro vont remettre la pression sur Rome et demander plus de clarté sur les réformes destinées à relancer la croissance atone et à réduire la dette du pays.

«Nous espérons entendre de la part de M. Tremonti (le ministre italien des Finances) comment et quand les autorités de son pays vont mettre en place les mesures» promises par M. Berlusconi, a indiqué le porte-parole de la Commission.

Autre sujet urgent sur la table: les engagements budgétaires de la Grèce, qui s'apprête à former un gouvernement d'union nationale.

«Nous avons besoin avant tout de clarté quant aux développements politiques et économiques à Athènes», a là encore indiqué la Commission européenne, qui fait partie de la troïka des bailleurs de fonds du pays avec l'UE et le FMI.

Des précisions que fournira Athènes dépendent le versement de prêts, y compris celui de la tranche de 8 milliards d'euros, tirée du premier plan d'aide au pays. Sans cela, la Grèce se retrouvera en cessation de paiement d'ici mi-décembre.

La zone euro avait donné son accord de principe il y a quinze jours au déblocage de cette somme, mais entre-temps, la donne a changé avec l'abandon d'un référendum controversé sur le deuxième plan de sauvetage au pays et l'accord dimanche soir pour la formation d'un gouvernement de coalition, dont l'actuel Premier ministre socialiste Georges Papandréou serait exclu.

La composition du gouvernement et le nom du successeur de M. Papandréou devraient être connus dans la journée.

Objectif de ce nouveau gouvernement: mettre en oeuvre le plan européen anti-crise décidé à Bruxelles, avant des élections anticipées prévues mi-février.

Le deuxième plan d'aide au pays prévoit 100 milliards d'euros de prêts à la Grèce ainsi qu'un effacement de 100 milliards d'euros de dette sur un total de 350 milliards d'euros. En échange, Athènes doit se soumettre à un strict plan de rigueur et accepter une quasi mise sous tutelle.

Le pays entend commencer à négocier dès lundi soir le versement d'un soutien de 80 milliards d'euros d'ici fin février, dans le cadre de cet accord.

Dans le même temps, le gouvernement français a mis les bouchées doubles lundi pour ne pas risquer d'être à son tour victime de la crise de la dette. Il a annoncé un nouveau plan de rigueur de 7 milliards d'euros pour 2012 passant notamment par une accélération d'une réforme prévue des retraites.

«Le mot de faillite n'est plus un mot abstrait», a averti le premier ministre François Fillon.

L'objectif est de ramener le déficit public à 4,5% du PIB en 2012. Il en va du précieux «triple A» de la France, attribué par les agences de notation et sésame pour emprunter à bas coût sur le marché de la dette.