L'Europe en crise devait tenter vendredi de convaincre ses partenaires du G20, qui se réunissent à Paris, qu'elle fait ce qu'il faut pour que ses maux n'affectent pas l'ensemble de la planète.

La crise de la zone euro, épicentre du séisme qui ébranle l'économie mondiale, est au coeur de la réunion des ministres des Finances du groupe des vingt principaux pays riches et émergents, vendredi soir et samedi.

Les grandes puissances viennent ainsi au chevet des Européens. Pour prendre leur température. Mais aussi pour proposer des remèdes: les pays émergents envisagent de renforcer les capacités du Fonds monétaire international (FMI) afin qu'il puisse endiguer une propagation de la crise de la dette européenne.

«Les ressources dont dispose le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le FMI seraient inadéquates si la contagion se poursuivait», a averti vendredi à Paris le ministre sud-africain, Pravin Gordhan.

Les pays du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) «ont indiqué qu'ils seraient susceptibles d'aider les institutions internationales s'ils étaient sollicités», a-t-il dit.

Selon des responsables brésiliens cités dans les médias locaux, les principales puissances émergentes pourraient accroître les ressources du FMI, mais demandent de peser davantage au sein de l'institution.

«Nous accompagnons avec bienveillance le débat sur l'accroissement des ressources du Fonds», a réagi un dirigeant européen.

Un avis que ne partagent pas les États-Unis, pas pressés de remettre au pot. «Le FMI a des ressources financières très substantielles», a balayé le secrétaire au Trésor Timothy Geithner.

Les Européens se présentent en tous cas au G20 plus confiants que lors des dernières réunions internationales. Les marchés européens ont à nouveau légèrement rebondi vendredi et l'euro était bien orienté face au dollar. «L'Europe avance clairement» vers une solution, s'est réjoui Timothy Geithner après des semaines de pressions pour qu'elle redouble d'efforts.

Comme promis en septembre, le fonds de secours de la zone euro est enfin opérationnel, près de trois mois après son adoption.

Mais le Vieux Continent n'est pas tiré d'affaire, comme le montre un nouvel abaissement de la note financière de l'Espagne par Standard and Poor's.

Les dirigeants européens ont promis d'arriver les 3 et 4 novembre au sommet du G20 de Cannes, dans le sud-est de la France, avec des réponses «durables, globales et rapides» à leur crise. Ils doivent les dévoiler le 23 octobre.

Mais dès vendredi, les grandes argentiers européens présenteront une stratégie qui commence enfin à se préciser.

Elle repose, selon la présidence française du G20, sur un «choc de confiance» en trois temps: recapitalisation des banques européennes; effacement d'une part plus importante que prévu de la dette grecque détenue par les créanciers privés; renforcement de la «puissance de feu» du FESF.

Le ministre français des Finances François Baroin a confirmé que la restructuration de la dette grecque serait plus forte qu'annoncé le 21 juillet. Et le chef de file de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a même envisagé de contraindre les banques qui ne jouent pas le jeu à contribuer davantage à l'allègement de la dette d'Athènes.

La France a également apporté son soutien au plan de recapitalisation bancaire présenté par Bruxelles, signe que les positions se décantent.

Les Européens doivent absolument résoudre leurs problèmes s'ils ne veulent pas que leurs autres priorités soient éclipsées au sommet de Cannes.

La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi lancé vendredi, dans un appel à peine voilé aux États-Unis: «Ce n'est pas possible que ceux qui, à l'extérieur de la zone euro, nous appellent toujours à agir contre la crise, refusent dans le même temps l'instauration d'une taxe sur les transactions financières», défendue par Paris et Berlin.

La France espère aussi des avancées sur la gestion des flux de capitaux dont les mouvements précipités fragilisent les économies émergentes, et, dans une moindre mesure, elle rêve d'obtenir un calendrier pour rendre la monnaie chinoise convertible.

L'actualité a remis cette question au centre des débats. Washington a défendu son droit à se dresser contre la Chine accusée de «jouer avec le système» en manipulant le yuan pour gonfler ses exportations.