Le gouvernement portugais a présenté jeudi un budget draconien pour 2012 renforçant les mesures de rigueur au moment où le pays, sous assistance financière, peine à réaliser ses objectifs de réduction des déficits.

«Le pays vit un moment d'urgence nationale», a déclaré le premier ministre portugais Pedro Passos Coelho lors d'une allocution télévisée, après l'adoption en conseil des ministres du budget pour 2012.

L'année prochaine «le processus d'ajustement devra être plus profond et comprendre des mesures plus exigeantes» dans un contexte «de contraction économique», a-t-il précisé.

Au cours de ce discours retransmis à l'heure des journaux télévisés, M. Passos Coelho a notamment annoncé la suppression temporaire des 13e et 14e mois pour les fonctionnaires et les retraités dont les revenus sont supérieurs à 1000 euros.

Dans le secteur privé, il a annoncé une «augmentation de l'horaire de travail d'une demi-heure par jour» et «un ajustement des jours fériés».

«Ces mesures sont temporaires et seront en vigueur uniquement pendant le programme d'aide financière» international, a-t-il précisé.

«Nous devons faire plus, beaucoup plus que ce qui était initialement prévu», a dit le premier ministre.

En mai dernier, le Portugal s'était engagé auprès de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) à un rigoureux programme d'austérité et de réformes en échange d'une aide financière de 78 milliards d'euros sur trois ans.

Lors de son allocution, M. Passos Coelho a également annoncé la hausse des taux intermédiaires de TVA sur certains produits «afin d'obtenir davantage de recettes», au lieu de réduire les charges patronales comme le prévoyait l'accord avec la Troïka UE-FMI-BCE.

Cette cure de rigueur comprend également des «réductions substantielles des budgets de la Santé et de l'Éducation», a-t-il indiqué en outre.

L'adoption de ce budget intervient à un moment où le gouvernement est confronté à des difficultés inattendues en raison d'un dérapage «supérieur à trois milliards d'euros» qui complique la réalisation de son objectif de ramener cette année le déficit à 5,9% du PIB.

«Nous avons des objectifs et nous allons les atteindre», car «la crédibilité du pays est en jeu», a affirmé M. Passos Coelho.

«Quand j'ai été élu premier ministre, je n'ai jamais imaginé devoir annoncer au pays des mesures aussi sévères», a-t-il ajouté l'air grave.

Le projet de budget doit être remis lundi au parlement afin d'y être débattu à partir du 25 octobre, jusqu'au vote final prévu fin novembre. Forte d'une majorité absolue à l'assemblée, la coalition de droite au pouvoir depuis juin est assurée de son adoption.