Les négociations se sont intensifiées samedi entre la France et la Belgique pour parvenir dans les 48 heures à un accord ouvrant la voie au démantèlement de Dexia, dont elles sont toutes deux actionnaires, mais des divergences restaient à surmonter sur le partage des coûts.

Un conseil d'administration de la banque franco-belge devrait se dérouler dimanche, ce qui accroît la nécessité de dégager rapidement un consensus.

Les premiers ministres belge et français, Yves Leterme et François Fillon, se sont entretenus samedi matin au téléphone sur le cas Dexia, a indiqué une source proche du dossier, avant d'autres échanges prévus dans l'après-midi entre les ministres des Finances des deux pays, Didier Reynders et François Baroin.

Rien n'a filtré sur la teneur de ces échanges, mais les deux gouvernements sont «en train de discuter du prix de Dexia Banque Belgique» (l'entité belge de l'établissement) que «l'État belge est en train de racheter», a confié Elke Maes, du syndicat chrétien flamand LBC-NVK.

«On entend dire que ce n'est pas du tout facile», a-t-elle souligné.

Un conseil des ministres restreint devrait avoir lieu à Bruxelles vers 18H00-19H00 (16H00-17H00 GMT) pour faire le point sur les derniers événements, a-t-on appris de source gouvernementale. Nul ne sait s'il s'agit d'échanger des informations ou d'annoncer une décision en bonne et due forme sur l'avenir de Dexia.

Selon la presse belge, les deux pays tentent de se mettre d'accord sur le prix de vente de différents actifs de Dexia -dont sa banque de détail belge- et sur les garanties à apporter à la future «bad bank» qui subsistera à l'issue du démantèlement, soit la structure de défaisance pour isoler les actifs les plus à risque qui plombent aujourd'hui le bilan de l'établissement.

Première pierre d'achoppement: le prix de Dexia Banque Belgique.

Le royaume qui a déjà sauvé Dexia une première fois en 2008 cherche à débourser une somme raisonnable, ce qui ne convient pas aux actionnaires français, rapporte samedi le quotidien économique belge L'Echo.

D'après ce journal, le prix de Dexia Banque Belgique est évalué à entre trois et 7,5 milliards d'euros et l'État belge vise un prix dans le bas de la fourchette.

Insuffisant, répondent les Français, plutôt favorables à une cession à une autre banque. Une solution qui serait plus lucrative.

Plusieurs établissements auraient déjà fait part de leur intérêt pour la reprise de Dexia Banque Belgique, dont Deutsche Bank, Rabobank, Crédit Mutuel et BBVA, rapporte la presse belge.

Autre sujet de discussion: la répartition des garanties d'État sur le portefeuille de la «bad bank». La France veut que 60% à 65% de celles-ci incombent à la Belgique, affirme l'Echo, car elle craint sinon de perdre sa note triple A qui lui permet de se financer à bas coût sur les marchés financiers.

La Belgique ne serait pas forcément rétive à ce schéma, car en échange de ses garanties, elles encaisseraient des primes.

Mais l'agence de notation Moody's a prévenu vendredi soir qu'elle pourrait abaisser la note du pays en raison de son soutien à Dexia, et qu'elle «compte évaluer les coûts potentiels et engagements supplémentaires qui pourraient incomber à l'État pour soutenir le groupe», avant de prendre une décision.