Les dirigeants européens ambitionnent de présenter une feuille de route commune sur la recapitalisation de leurs banques lors d'un sommet mi-octobre pour stopper la contagion de la crise de la dette, à condition de surmonter d'ici là leurs divergences sur la marche à suivre.

«La Grèce n'est pas le problème à présent, le grand problème ce sont les banques», confie un diplomate européen qui confirme l'objectif de parvenir à «un consensus» sur le sujet lors du sommet des dirigeants des pays de l'Union européenne, puis de la zone euro, les 17 et 18 octobre à Bruxelles.

L'idée serait d'aboutir à une décision de principe sur un montant à injecter dans le capital des banques et sur un calendrier, confie un autre diplomate.

Une source proche du dossier estime que le montant envisagé «se rapproche plus de 100 milliards» que des 200 milliards d'euros mentionnés cette semaine par le Fonds monétaire international (FMI).

Une évaluation des besoins doit être faite avant le sommet européen par l'Autorité européenne de supervision bancaire (EBA), qui a été invitée à prendre en compte l'impact d'une forte dépréciation de la dette grecque sur le bilan des banques.

Après avoir protesté et freiné des quatre fers, les Européens ont finalement cédé progressivement aux appels du FMI qui leur enjoint de renforcer les défenses de leurs banques depuis fin août, face à la menace d'une contagion gravissime de la crise de la dette.

L'Europe s'est d'abord abritée derrière les résultats de tests de résistance rendus publics en juillet et mettant en évidence la solidité de leurs établissements.

Depuis toutefois, la situation du secteur n'a cessé de se dégrader. La crainte d'un défaut de paiement de la Grèce est omniprésente. Les banques européennes voient leur valeur boursière chuter, elles rechignent à se prêter entre elles au risque de gripper tout le système.

Seule la Banque centrale européenne évite la panique en maintenant ouvert le robinet de liquidité.

Dans ce contexte, la situation de la banque franco-belge Dexia, en passe d'être démantelée, a convaincu de l'urgence d'agir.

Cette semaine, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso sont montés au créneau pour prôner une action coordonnée de renflouement des banques et éviter une crise comme celle causée en 2008 par la faillite de Lehman Brothers aux États-Unis.

Bruxelles devrait approuver une proposition de cadre commun d'action en ce sens dès lundi, qui sera ensuite soumis aux capitales en vue du sommet. Reste que des divergences subsistent.

«Le débat en cours est que Berlin veut que ce soit les États nationaux qui prennent en charge la recapitalisation alors que d'autres pays comme la France veulent que ce soit au niveau européen avec l'implication du Fonds de soutien européen» (FESF), affirme un diplomate européen sous couvert d'anonymat.

En passe d'être renforcé, le FESF pourra bientôt prêter de l'argent aux États pour qu'ils recapitalisent leurs banques. Mais le Fonds fonctionne grâce à des garanties des États, dont l'Allemagne, qui est son premier contributeur.

L'exécutif européen partage le point de vue de Berlin.

Ce sujet devrait être abordé dimanche à Berlin entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy.

Pour la France, le risque en mettant la main au portefeuille est de mettre en danger son précieux triple A - attribué par les agences de notation - qui lui permet de bénéficier de taux d'emprunt avantageux sur les marchés, soulignent plusieurs sources européennes. En outre, aider les banques à quelques mois de la présidentielle est jugé politiquement risqué.

Autre sujet de discorde: le choix des banques à recapitaliser. Certains poussent pour un plan général, d'autres veulent uniquement cibler «les banques à problèmes» afin de ne pas créer de nouvelles turbulences boursières.