Barack Obama a exhorté jeudi les responsables européens à «agir vite» contre la crise de la dette qui pourrait avoir un impact «très réel» sur les États-Unis, et estimé qu'il était d'autant plus urgent que le Congrès adopte son vaste plan pour l'emploi.

Les Européens «doivent agir vite» face au risque de contagion de la crise grecque, a observé le président américain lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, largement consacrée aux difficultés de l'économie américaine.

«Il y a un sommet du G20 qui arrive en novembre» en France, a indiqué M. Obama. «J'espère vraiment que d'ici au sommet, ils auront un plan d'action très clair et concret qui sera à la hauteur», a-t-il poursuivi, après avoir prévenu que «les problèmes que l'Europe traverse aujourd'hui pourraient avoir un effet très réel sur notre économie, au moment où elle est déjà fragilisée».

M. Obama a de nouveau défendu les mesures de relance qu'il a présentées au Congrès il y a un mois, assurant que ce plan «nous aidera à nous prémunir contre un nouveau repli de l'activité si la situation en Europe devait s'aggraver».

«Il soutiendra la croissance économique, il remettra les gens au travail, a ajouté le président, alors que le Sénat doit se prononcer la semaine prochaine sur ce projet de 447 milliards de dollars, déjà qualifié de «mort» par l'opposition républicaine majoritaire à la Chambre.

«Si nous n'agissons pas, c'est le contraire qui arrivera: il y aura moins d'emplois, moins de croissance», a averti le président, alors que même au sein de son parti démocrate des sénateurs hésitent à voter en faveur de ce dispositif.

«J'espère que tous les sénateurs réfléchiront bien à l'enjeu lorsqu'ils voteront la semaine prochaine», a-t-il lancé, qualifiant son plan «d'assurance contre un retour de la récession».

M. Obama, dont la réélection en novembre 2012 dépendra largement des décisions prises aujourd'hui en matière économique, a reconnu que l'activité était actuellement en berne aux États-Unis.

«Il ne fait pas de doute que l'économie est plus faible qu'au début de l'année», a-t-il dit, reconnaissant que les manifestations à New York depuis la mi-septembre contre Wall Street étaient le symptôme du «mécontentement que ressentent les Américains».

Lors de son intervention, M. Obama a dénoncé une nouvelle fois la politique de changes de la Chine, qui a «été très offensive pour fausser le système des échanges commerciaux à son avantage et aux dépens d'autres pays, en particulier les États-Unis». Il a estimé que l'appréciation du yuan restait insuffisante.

Présenté début septembre, le plan emploi de M. Obama prévoit des investissements dans les infrastructures et des réductions d'impôts pour la classe moyenne et les PME. Le président assure que ces mesures permettront de créer 1,9 million d'emplois et de faire baisser le taux officiel de chômage de 9,1 à 8,1%.

Les républicains se sont élevés contre certains aspects du plan, mais aussi son financement, pour moitié assuré par une hausse de la fiscalité visant les contribuables les plus aisés et la suppression de niches fiscales.

Selon de hauts responsables de la Maison-Blanche, M. Obama va continuer à exiger du Congrès qu'il adopte le plan jusqu'à la fin de l'année, mais la détermination de l'opposition républicaine rend peu probable la perspective d'un passage de l'ensemble des mesures.

Le président a promis jeudi de «continuer à insister jusqu'à ce que quelque chose aboutisse». Dans la perspective de la présidentielle de 2012, «je serais très heureux de voir le Congrès agir pour que je n'aie pas à faire campagne contre eux (en les qualifiant) de Congrès qui ne fait rien».