Le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, a critiqué sévèrement jeudi à New York la réaction européenne au problème de la dette de certains pays, affirmant que sa lenteur avait permis à la crise de s'étendre.

«La situation en Europe est sérieuse, les niveaux insupportables de l'endettement dans certains pays européens et des doutes sur la sortie de la crise représentent une menace pour l'Europe, pour le système bancaire européen et pour l'économie globale», a dit M. Flaherty devant un forum américano-canadien sur les valeurs mobilières.

«C'est la lenteur de la réponse à cette crise qui a permis à cette dernière de s'étendre. Cette crise aurait pu être évitée il y a un an», a asséné M. Flaherty, dont le pays a résisté victorieusement à la récession de 2008.

Il a appelé les dirigeants européens à «faire preuve de vrai leadership», de «volonté politique, résolution et clarté» pour triompher de la crise, tout en reconnaissant qu'ils devaient prendre des «décisions difficiles».

«Jusqu'à présent, l'absence de clarté du plan européen a seulement exacerbé l'instabilité», a estimé le ministre des Finances canadien.

Cette clarté est «essentielle pour les marchés». «Si ces derniers comprennent que l'Europe a un vaste et clair plan et qu'elle l'appliquera résolument, ils soutiendront l'Europe dans sa marche vers la reprise», a-t-il enfin souligné.

Sur le plan technique, il a préconisé le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF), rappelant que le Canada et les États-Unis ont pressé l'Europe de renforcer un fonds d'urgence pour répondre à la dette souveraine et protéger les banques en difficulté.

Les ministres des Finances de la zone euro se sont engagés à accroître la souplesse du FESF avant la réunion de leurs homologues du G20 à la fin de la semaine prochaine à Paris. «Au minimum, cet engagement doit être tenu», a insisté M. Flaherty.

Enfin, l'Europe doit décider si elle soutiendra la Grèce «sans réserve», soit par une aide accrue, soit par une restructuration adéquate de sa dette. «S'abstenir de décider n'est pas une option». Même si le processus parlementaire en Europe peut prendre du temps, «des circonstances extraordinaires appellent des mesures extraordinaires», a-t-il recommandé.