Les pays européens envisagent un plan coordonné pour renflouer leurs banques, fragilisées par l'impact de la crise de la dette qui a fait une première victime dans l'Union monétaire avec le groupe franco-belge Dexia, en cours de démantèlement.

«Il y a un sentiment d'urgence parmi les ministres» européens des Finances «et il nous faut aller de l'avant» pour recapitaliser les banques qui en ont besoin, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, dans une interview publiée sur le site internet du Financial Times.

«Nous partageons de plus en plus l'opinion que nous avons besoin d'une approche concertée, coordonnée en Europe», a-t-il dit, «le capital des banques européennes doit être renforcé afin de leur donner une marge de sécurité et ainsi de réduire l'incertitude» sur les marchés.

Ces propos ont contribué à rassurer les investisseurs. La Bourse de New York a signé un spectaculaire rebond mardi en fin de séance, effaçant les lourdes pertes enregistrées plus tôt sous l'effet des craintes de défaut de paiement la Grèce. Les marchés européens ont eux terminé en net repli.

Le ministre britannique des Finances, George Osborne, a enfoncé le clou à l'issue d'une réunion à Luxembourg avec ses homologues de l'Union européenne.

«Il nous faut réfléchir à la réalité de la situation», a-t-il dit à la chaîne Sky News, le problème d'endettement excessif «rend nécessaire de capitaliser davantage certaines banques de l'eurozone».

Son collègue allemand, Wolfgang Schäuble, a aussi reconnu les risques pesant sur le secteur.

«La grande inquiétude est que les fortes turbulences sur les marchés financiers ne dégénèrent en une crise bancaire», a-t-il dit à Luxembourg, en se disant prêt à réactiver dans son pays un mécanisme de soutien d'urgence au secteur si nécessaire. Il avait été mis en place en 2008 après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.

Les problèmes de la Grèce ont conduit depuis l'été à fragiliser le secteur bancaire en Europe, de nombreux instituts voyant leur valeur boursière fondre en raison de la dette publique de ce pays, et d'autres Etats considérés comme fragiles, qu'ils détiennent dans leurs portefeuilles d'obligations.

Le groupe franco-belge Dexia est devenu la première victime dans le secteur de la crise de la dette. Asphyxié financièrement car privé des liquidités dont il a besoin, il est en cours de démantèlement avec le soutien de la France et de la Belgique.

Le gouvernement belge a annoncé mardi soir avoir approuvé la création d'une «bad bank» pour isoler les actifs financiers à risques de l'établissement.

«Il y a eu un accord (au sein du gouvernement belge) pour isoler les charges du passé, avec le cas échéant l'octroi de garanties des Etats belge et français afin de garantir l'activité de Dexia Banque Belgique», a déclaré aux journalistes le Premier ministre belge Yves Leterme, à l'issue d'une réunion de ses principaux ministres à Bruxelles.

Les banques de la zone euro peinent pour certaines à trouver les liquidités dont elles ont besoin pour financer des prêts aux entreprises et aux ménages, du fait de la défiance généralisée qui s'est installée dans le circuit.

Les banques hésitent à se prêter entre elles au sein de la zone euro, car les comptes de nombreux établissements sont plombés par de la dette publique de pays à la solvabilité jugée fragile, comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Irlande ou l'Italie.

La situation est encore plus difficile pour l'approvisionnement en dollars car les établissements américains se détournent massivement de la zone euro considérée à présent comme une région à risques.

La situation de l'Italie s'est encore détériorée mardi soir lorsque l'agence d'évaluation financière américaine Moody's a abaissé à A2 la note souveraine du pays, contre Aa2 auparavant, en raison des «risques pour le financement» sur les marchés de la dette à long terme, de l'atonie de l'économie et des «incertitudes politiques».

La réunion des ministres des Finances à Luxembourg n'a guère contribué à rassurer sur la santé de la Grèce. Ils ont demandé de nouvelles économies budgétaires au pays pour ses budgets 2013 et 2014, qu'Athènes se refuse à envisager dans l'immédiat.

Il n'est pas nécessaire de prendre «de nouvelles mesures» de rigueur, «à condition que les mesures déjà annoncées s'appliquent», a répliqué le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos.

La zone euro envisage dans le même temps de faire contribuer plus que prévu les banques créancières de la Grèce à un deuxième plan de sauvetage du pays.