L'agence de notation Standard & Poors a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro et la Grande-Bretagne en 2012 et met en garde contre le risque d'une rechute dans la récession, même si celui-ci peut être évité, dans une analyse publiée mardi.

«La perspective que l'Europe puisse plonger à nouveau en récession apparaît plus probable», écrit S&P dans cette analyse.

«En dépit de ces prévisions, nous ne n'envisageons toujours pas de véritable double dip (récession en double creux) dans la zone euro ou en Grande-Bretagne. Cependant nous estimons à 40% le risque de nouvelle récession en Europe de l'Ouest l'an prochain», précise-t-elle.

L'agence estime toutefois qu'une demande forte des pays émergents, quoiqu'atténuée par rapport à 2010, une consommation interne soutenue en Allemagne et en France, ainsi que la poursuite des programmes de soutien monétaire aideront à éviter ce scénario.

S&P table désormais sur une croissance de 1,1% dans la zone euro en 2012 contre 1,5% jusque-là, et de 1,7% au Royaume-Uni contre 1,8% jusque-là. Ces révisions s'expliquent par la crise de confiance qui secoue les marchés et le ralentissement de l'activité aux États-Unis, explique-t-elle dans son analyse.

Au sein de la zone euro, elle estime que la croissance allemande ne sera que de 1,5% en 2012 (contre 2% prévus jusque-là), tandis que celle de la France sera de 1,3% (contre 1,7% jusque-là). Pour sa part, l'Italie devrait voir son économie croître de 0,5% en 2012 contre 0,8% prévus jusque-là par S&P.

Goldman Sachs a revu à la baisse sa prévision de croissance mondiale en 2012, à 3,5% contre 4,2% précédemment, une révision centrée sur l'Europe. La croissance en zone euro devrait être de 0,1% l'an prochain contre une précédente estimation de 1,2%.

La banque a également revu en baisse sa prévision de croissance pour le Royaume-Uni en 2012, tablant désormais sur des chiffres de 1% au lieu de 2,3%. Le Royaume-Uni évitera la récession, mais «de justesse», selon Goldman Sachs.

Ces perspectives sont renforcées par le ralentissement de l'activité aux États-Unis, où S&P a également revu en septembre à la baisse ses prévisions de croissance, désormais estimées à 1,9% en 2012 et 2,2% en 2013 (contre respectivement 2,4 et 2,6% jusque-là), ce qui ne va pas manquer d'avoir d'importantes répercussions sur le commerce extérieur de l'Europe, relève-t-elle.

Conséquence en chaîne: ce ralentissement américain va inévitablement avoir un effet négatif sur les exportations des pays émergents qui à leur tour vont pénaliser celles en provenance d'Europe, estime S&P.