La zone euro se trouvait lundi de nouveau sous forte pression pour parachever le second plan d'aide à la Grèce et décupler la force de frappe de son Fonds de secours financier (FESF), face à la rechute des marchés boursiers qui redoutent un défaut de paiement du pays et aux appels de partenaires étrangers.

Les craintes de banqueroute de la Grèce ont été alimentées par l'annonce dimanche soir par Athènes que son déficit public sera ramené à 8,5% du PIB en 2011, mais restera du coup au-delà de l'objectif initial de 7,4%.

Conséquence: les Bourses européennes étaient en net repli à la mi-journée, avec un secteur bancaire en très forte baisse. De son côté, l'euro a atteint dans la matinée son plus bas niveau depuis huit mois, à 1,3312 dollar.

Athènes met pourtant les bouchées doubles pour satisfaire les exigences de ses bailleurs de fonds, au prix d'un fort mécontentement social.

Le projet de budget 2012 qui passe par une réduction drastique du secteur public doit être déposé au Parlement grec dans la journée.

En multipliant les concessions, Athènes espère obtenir le versement courant octobre de 8 milliards d'euros de prêts promis dans le cadre de son premier plan de sauvetage. Sans cet argent, la faillite de la Grèce pourrait intervenir dans les semaines qui viennent.

Les efforts du pays seront scrutés lundi soir par les ministres des Finances de la zone euro, qui se réunissent à partir de 11h00 (heure de Montréal) à Luxembourg, puis par ceux de l'Union européenne mardi. Mais aucune décision quant à un déblocage de l'aide n'est à attendre à ce stade.

Juste avant cette réunion de l'Eurogroupe, le ministre britannique des Finances George Osborne a exhorté la zone euro à prendre des décisions rapides concernant la Grèce.

«Mon objectif est clair: le Fonds d'aide européen a besoin d'une force de frappe maximale, la zone euro doit renforcer ses banques, et la zone euro doit mettre fin à toutes les spéculations, décider ce qu'elle va faire au sujet de la Grèce et s'y tenir», a-t-il déclaré lors d'un congrès à Manchester.

Réclamée avec insistance par les États-Unis, l'idée de renforcer la force de frappe du FESF sans le doter de davantage de fonds est déjà à l'étude au sein de la zone euro, a indiqué lundi le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn et en particulier le recours à un «effet de levier» pour décupler sa puissance de feu est envisagé.

Ce mécanisme financier permet d'acquérir des actifs en recourant à l'endettement et en se servant d'un capital de départ comme garantie.

Plusieurs scénarios circulent dans la presse: le FESF pourrait se transformer en banque et s'approvisionner auprès du guichet de la Banque centrale européenne (BCE) sans aucune limite.

Il pourrait également jouer le rôle d'assureur auprès des détenteurs de titres de dette et couvrir leurs pertes à hauteur de 20-25% si un État faisait défaut ou encore, servir à garantir les rachats de dette publique de la BCE.

Autant de sujets qui devraient être abordés lors de la réunion.

Les ministres des Finances vont également chercher à lever les obstacles retardant la mise en oeuvre du second plan d'aide à la Grèce, décidé en juillet et composé de 109 milliards d'euros de prêts internationaux, auxquels s'ajoutera pour la première fois une contribution des banques créancières.

Ce plan bute notamment sur l'exigence de la Finlande d'obtenir des garanties en échange de nouveaux prêts et sur les tergiversations de la Slovaquie pour approuver le renforcement du FESF.

L'instrument, qui a déjà servi à aider l'Irlande et le Portugal, doit voir ses compétences élargies et être mis à contribution pour aider la Grèce, en allégeant sa dette et en soutenant son secteur bancaire.

Il ne reste plus que trois pays de la zone euro à ne pas avoir approuvé ces changements dont la Slovaquie, qui pose le plus de difficultés.

Une réunion de la coalition au pouvoir à Bratislava se tient mardi pour tenter de fixer une date de vote. L'enjeu est important, car les dirigeants de la zone euro souhaitent boucler le renforcement du Fonds de secours avant la tenue d'un sommet européen crucial pour son avenir mi-octobre.