Le Portugal a subi vendredi un revers dans ses efforts pour assainir ses finances après l'annonce d'un déficit au premier semestre plus important qu'escompté, mais a assuré qu'il respecterait les objectifs budgétaires imposés par l'UE et le FMI pour cette année.

Le déficit budgétaire s'élevait à 8,3 % du PIB fin juin, selon des statistiques officielles, loin de l'objectif que s'était fixé le gouvernement de le ramener à 5,9 % à la fin de l'année.

Le ministre portugais des Finances Vitor Gaspar a assuré vendredi soir que Lisbonne respecterait ses objectifs budgétaires.

Le Portugal s'est engagé auprès de l'Union européenne et du Fonds monétaire international à appliquer un rigoureux plan d'austérité pour assainir ses finances publiques contre une aide financière internationale de 78 milliards d'euros sur trois ans.

«Nous respecterons la limite du déficit budgétaire pour cette année grâce aux mesures temporaires» déjà mises en oeuvre, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Peu après son entrée en fonction en juin dernier, à l'issue d'élections législatives anticipées, le gouvernement de droite avait notamment annoncé le prélèvement d'une taxe spéciale sur les revenus et anticipé la hausse de la TVA appliquée au gaz et à l'électricité, prévue auparavant pour 2012.

La ministre a reconnu que la situation financière du Portugal s'était aggravée après la découverte mi-septembre d'une dette accumulée de la région autonome de Madère qui s'élevait fin juin à 6,328 milliards d'euros.

En raison de cette dette, les déficits publics depuis 2008 ont été revus en hausse par l'Institut national des statistiques en particulier celui de l'année dernière, qui est passé à 9,8 % (contre 9,1 % précédemment).

Pour faire face à «ce dérapage» le ministre des Finances a exclu des hausses d'impôts supplémentaires pour cette année.

«Toutefois cette situation devra nécessairement être corrigée par des mesures permanentes et structurelles en 2012» devant être dévoilées dans le projet de budget de l'année prochaine, qui sera remis au parlement d'ici la mi-octobre, a-t-il précisé.

L'Ine et la Banque du Portugal avaient dénoncé une «omission grave» de la part des autorités régionales, provoquant un tollé au Portugal et portant un coup dur à la crédibilité internationale du pays, qui cherche à éviter le sort de la Grèce.

«Face à la gravité de la situation, Madère devra exécuter des mesures de grand impact tant du côté des dépenses que de celui des recettes», a affirmé M. Gaspar, précisant qu'un programme d'ajustement visant l'archipel situé de l'Atlantique serait annoncé après les élections régionales du 9 octobre prochain.

Le premier ministre portugais Pedro Passos Coelho avait reconnu la semaine dernière qu'en cas d'éventuel défaut de paiement de la Grèce, Lisbonne pourrait avoir besoin d'une nouvelle aide financière.

Dans le même temps, son gouvernement ne cesse de réaffirmer sa détermination à aller «au-delà» du plan d'aide international, qui lui impose déjà un exigeant programme de réformes visant à assainir ses finances publiques et à augmenter la compétitivité de son économie.

Mais sur le front de la croissance les dernières nouvelles n'inspirent pas davantage d'optimisme le gouvernement tablant désormais sur une récession plus importante que prévu l'année prochaine, à -2,3 % du PIB contre -1,8 % précédemment.