Les responsables européens ont envoyé jeudi des signaux rassurants sur leur capacité à résoudre la crise de la dette, avec le feu vert de Berlin au renforcement du fonds de secours de la zone euro et la perspective de nouveaux versements à une Grèce exsangue.

Les députés allemands ont, comme prévu, approuvé à une large majorité le renforcement du mécanisme anti-crise de la zone euro, le FESF (Fonds européen de stabilité financière), qui maintient déjà le Portugal et l'Irlande sous perfusion.

La chancelière Angela Merkel a réussi à rallier derrière elle ses troupes pour ce vote crucial, ce qui devrait rassurer sur l'engagement de la première économie européenne à soutenir ses partenaires européens.

La France s'est d'ailleurs aussitôt félicitée de la «pleine implication» de l'Allemagne dans la lutte contre la crise.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a jugé après le vote que «le Bundestag (avait) pris ses responsabilités envers l'Europe». «Le monde a les yeux rivés sur l'Allemagne», avait déclaré aux élus allemands le ministre des Finances Wolfgang Schäuble.

L'économiste Holger Schmieding, de Berenberg Bank, a parlé d'un soutien «solide comme un roc» de l'Allemagne à l'euro. «Quand il s'agit de la question qui compte, à savoir si l'Allemagne va faire ce qu'il faut pour préserver la monnaie unique, il y a un large consensus en faveur de l'euro», note-t-il.

Les marchés financiers, qui avaient anticipé ce vote, semblaient toutefois indifférents. Peu avant 11h00 GMT (7h00 à Montréa), Paris (-0,08%), Francfort (-0,36%) et Londres (-0,74%) baissaient. Madrid (+0,27%) et Milan (+0,53%) se maintenaient dans le vert.

L'euro s'est en revanche apprécié par rapport au dollar à la publication du décompte détaillé du vote au Bundestag.

Après l'Allemagne, premier contributeur au fonds de sauvetage avec 200 milliards d'euros de garanties, six pays devront encore procéder à cette ratification, dont la Slovaquie, qui menace de faire traîner l'affaire. L'Estonie pourrait également se prononcer ce jeudi, l'Autriche votera vendredi.

Parallèlement, la «troïka», représentant les trois grands créanciers de la Grèce (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), a fait son retour à Athènes.

Cette équipe doit s'assurer que la Grèce tient ses engagements de rigueur et, le cas échéant, libérer le versement de 8 milliards d'euros.

La décision sur ce prochain paiement, indispensable à la survie du pays au bord du défaut de paiement, devrait être prise lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) le 13 octobre, a dit M. Schäuble.

Un avis positif de la troïka sur les progrès d'Athènes serait aussi un coup de pouce bienvenu pour la mise en route d'un deuxième plan d'aide à la Grèce, qui date de juillet dernier.

En Allemagne ce deuxième plan fera l'objet d'un vote distinct du Bundestag, mais l'issue du scrutin de jeudi augure bien de cette nouvelle étape.

Les responsables de la zone euro, critiqués dans le monde entier sur leur gestion de la crise, avaient besoin d'envoyer des signes rassurants.

Après des remarques acerbes du président américain Barack Obama sur les tâtonnements de la zone euro, le ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne y est également allé de sa critique.

«J'avais décrit l'euro comme un bâtiment en flammes, dépourvu d'issues, et cela s'est avéré vrai dans certains des pays membres», a asséné William Hague mercredi.

Pour éviter que cet incendie ne se propage, par exemple à l'Italie ou à l'Espagne, qui voulait privatiser rapidement sa loterie nationale pour se renflouer, mais a dû y renoncer pour le moment en raison des mauvaises conditions de marché, la zone euro pourrait être forcée rapidement de prendre des mesures plus radicales.

Parmi les spéculations: une démultiplication de l'aide européenne via des mécanismes financiers complexes, un effacement partiel de la dette grecque, ou encore la création d'«eurobonds», des titres de dette communs aux pays membres de la zone euro.