Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a qualifié mardi d'«idée stupide» l'hypothèse d'un renflouement du fonds de secours de la zone euro, estimant que cela «n'a pas de sens».

Visiblement remonté, il a aussi vertement rétorqué à ses partenaires et notamment au président américain Barack Obama qui a critiqué la lenteur des Européens à résoudre la crise qui secoue la zone euro.

«Contrairement à ce que pense (Barack) Obama, je ne pense pas que «les problèmes de l'Europe soient la cause des problèmes des États-Unis», a déclaré M. Schäuble, renvoyant Washington à ses propres déficits et à son chômage qui stagne.

Il n'a pas épargné non plus la Commission européenne dans ses critiques.

Les Européens discutent manifestement d'une augmentation de la «force de frappe» du fonds de secours européen (FESF) mis en place au printemps 2010 pour venir en aide aux pays en difficulté de la zone euro. Certaines rumeurs ont fait état d'un plan pour ramener sa capacité de prêt à 2000 milliards d'euros, une hypothèse réfutée par plusieurs responsables européens.

«Si nous augmentons le volume, et je ne comprends pas comment quiconque à la Commission (européenne) peut avoir une idée aussi stupide, le résultat serait que les États membres mettraient en danger leur notation AAA. Cela ne marche pas, cela n'a pas de sens», a dit le ministre lors d'une conférence à Berlin.

Le FESF qui émet lui-même de la dette sur le marché pour fournir des crédits aux pays à la peine a une notation AAA, la meilleure possible. C'est parce que ses émissions de dette sont garanties par les États membres dont six sur 17 -dont l'Allemagne et la France- bénéficient également de cette meilleure note attribuée par les agences de notation.

Mais faire participer les États au fonds dans une beaucoup plus large mesure mettrait en danger la notation de certains pays, la France notamment et par ricochet la solvabilité du fonds lui-même serait menacée.

La ministre espagnole de l'Économie Elena Salgado a déclaré mardi qu'une augmentation du fonds «n'était pas sur la table.

«Il faudrait renforcer» le FESF mais cela ne passera pas «nécessairement» par une augmentation de ses capacités de prêts, a-t-elle déclaré dans un entretien à la chaîne de télévision TVE.

Quand le premier renforcement du fonds, en cours d'approbation dans les capitales européennes, aura été avalisé par tous, «nous devrons penser au moyen de l'utiliser de la manière la plus efficace dans le respect des traités et conformément à nos convictions», a ajouté M. Schäuble.

Les députés allemands doivent voter jeudi sur l'élargissement du FESF et «il est très difficile de convaincre les membres du parlement», a dit le ministre ajoutant que les discussions sur un prochain renforcement ne l'aidaient pas à cet égard.

«J'espère que le président de la Commission européenne (José Manuel Barroso) fera un discours sage devant le parlement européen» mercredi, a poursuivi M. Schäuble, laissant entendre qu'il contribuerait ainsi à éviter d'attiser les spéculations.