Le directeur général du géant bancaire suisse UBS, Oswald Gruebel, a démissionné samedi après la spectaculaire affaire de fraude qui a coûté 2,3 milliards de dollars et porté un nouveau coup à la réputation de la première banque helvétique.

«Le Conseil d'administration d'UBS a accepté la décision d'Oswald Grübel de se retirer de ses fonctions», a indiqué la banque dans un communiqué.

Kaspar Villiger, président d'UBS, souligne dans ce communiqué que «le Conseil regrette la décision d'Oswald Grübel. Ce dernier estime qu'il est de son devoir d'assumer la responsabilité pour la récente affaire concernant les opérations de négoce non autorisées».

«Cette décision témoigne de la fermeté de ses principes et de son intégrité», a ajouté le président d'UBS, précisant que «durant la durée de son mandat, il est parvenu à redresser l'entreprise de manière impressionnante et renforcé UBS à la base».

M. Gruebel, 67 ans, avait été tiré de sa retraite il y a 2 ans pour redresser l'UB, après avoir dirigé la banque rivale Credit Suisse.

Prenant la tête d'UBS au plus fort de la crise financière pendant laquelle la banque avait perdu des milliards de francs et enregistré des pertes records, M. Gruebel l'avait ramenée au bénéfice en 2010.

Oswald Grübel «se retire de ses fonctions après avoir aidé UBS à devenir l'une des banques les mieux capitalisées au monde», a reconnu samedi le président du géant bancaire helvétique.

Kaspar Villiger a précisé peu après lors d'une audioconférence que le conseil d'administration d'UBS ne souhaitait pas voir Oswald Grübel partir immédiatement et aurait préféré le garder jusqu'à l'assemblée générale des actionnaires du printemps 2012.

Mais pour Oswald Grübel, abandonner sa fonction de président de la direction l'année prochaine n'aurait pas constitué un signal assez fort, a expliqué le président d'UBS depuis Singapour.

UBS a annoncé la semaine dernière avoir subi une perte de 2,3 milliards de dollars (1,7 milliard d'euros), après que l'un de ses courtiers a effectué des «opérations non autorisées».

Un courtier de 31 ans, Kweku Adoboli, soupçonné de transactions frauduleuses, a été inculpé et placé en détention à Londres dans le cadre de cette affaire. Le jeune homme restera emprisonné au moins jusqu'à sa prochaine audition, le 20 octobre prochain.

Le premier actionnaire de l'UBS, le fonds souverain de Singapour GIC, avait réagi de manière sévère après la découverte de la fraude, en appelant la banque suisse «à réagir fermement afin de rétablir la confiance dans la banque».

Il y a moins d'une semaine toutefois, Oswald Gruebel, avait affirmé au journal dominical suisse Sonntag, qu'il ne se sentait pas coupable dans cette affaire de fraude et qu'il n'avait aucune intention de démissionner.

«Je suis responsable de ce qui se passe dans la banque. Mais si vous me demandez si je me sens coupable, alors je vous dis non», avait déclaré le banquier,

Sergio P.Ermotti, responsables des affaires de la banque en Europe, Asie et Afrique, assumera la position de directeur général par intérim avec effet immédiat, a précisé UBS.

«Le Conseil d'administration est profondément déçu par la perte découlant des opérations de négoce non autorisées et il apportera tout son soutien à l'enquête indépendante», ajoute par ailleurs UBS dans son communiqué.

La banque suisse UBS avait entamé mercredi à Singapour où se trouve l'un de ses plus grands actionnaires une série de réunions de son conseil d'administration, tenue dans le plus grand secret.

Vendredi, Oswald Grübel, continuait d'affirmer qu'il avait toujours la confiance du conseil d'administration du groupe malgré la fraude et les rumeurs faisant état de son prochain départ, selon un quotidien suisse.

Réagissant à l'onde de choc provoquée par l'annonce de la fraude, UBS a décidé de suspendre toutes ses campagnes de publicité.