L'agence d'évaluation financière Moody's Investors Service a dégradé vendredi d'un cran, de «Aa2» à «Aa3», la note de la Slovénie et pourrait l'abaisser encore, deux jours après le renversement du gouvernement à un moment délicat pour le pays sur le plan économique.

L'agence, qui a maintenu la note de ce pays de la zone euro sous surveillance négative, invoque dans un communiqué «le risque grandissant que le gouvernement soit appelé à intervenir de nouveau pour soutenir le système bancaire du pays», fragilisé par la crise financière actuelle.

En outre, les perspectives de croissance de l'économie slovène à moyen terme devraient être affaiblies tant par le resserrement attendu du crédit consécutif aux difficultés du système bancaire que par la décélération probable de la croissance des exportations en raison du ralentissement de l'économie mondiale, souligne Moody's.

Enfin, l'agence juge que «l'incertitude politique grandissante» dans le pays fait peser un risque sur la mise en oeuvre des plans de consolidation budgétaire et de réformes structurelles, pourtant nécessaires pour éviter une aggravation de la dette de l'État à moyen terme.

Le ministère slovène des Finances a réagi en soulignant que cette décision n'était pas surprenante, mais peut-être d'une «prudence excessive».

«Le gouvernement (sortant) n'a pas été surpris par l'abaissement de la note puisqu'il a mis en garde depuis des mois contre les conséquences que pourrait avoir le rejet des réformes structurelles nécessaires», a indiqué le ministère dans un communiqué envoyé à l'AFP.

La chute mardi du gouvernement de centre-gauche, victime d'un vote de défiance, laisse la petite république de l'ex-Yougoslavie sans gouvernail au moment où la crise de la dette en zone euro et l'essoufflement de l'économie du pays menacent ses finances publiques.

Durement touchée par la crise mondiale de 2008/2009, son chômage a quasiment doublé en trois ans et sa dette publique est passée de 22,5% à 43,3% du Produit intérieur brut (PIB) entre 2008 et 2010.

La semaine dernière, Ljubljana a dû revoir à la baisse ses prévisions de croissance économique pour cette année, pariant désormais sur une hausse de 1,5% du PIB, contre 2,2% espéré auparavant.

La reprise plus laborieuse que prévu du principal partenaire commercial, l'Allemagne, se fait là aussi sentir, comme dans plusieurs pays d'Europe centrale.

Dans la foulée, le gouvernement a dû décider de nouvelles mesures d'économies de 365 millions d'euros pour pouvoir atteindre son objectif d'un déficit public de 5,5% cette année.

Pour autant, à l'actif de la Slovénie, Moody's relève que le niveau de sa dette publique est «relativement bas» de même que le niveau de l'endettement des ménages.

La nouvelle note du pays est la quatrième meilleure possible dans la classification de Moody's. L'agence n'exclut pas toutefois d'abaisser de nouveau, à l'issue d'un examen.

«Nous pensons toujours que l'agence (Moody's) a agi avec une prudence excessive et n'a pas tenu compte des mesures prises par le gouvernement» pour assurer la stabilité des finances publiques, a encore déclaré le ministère.