L'agence de notation financière Fitch Ratings a abaissé mercredi la note de cinq régions espagnoles, dont la puissante Catalogne, en raison de «la forte augmentation de leur endettement», alors que l'Espagne peine à sortir de la crise économique et à rassurer les marchés.

Le fort degré d'autonomie des 17 régions espagnoles est une source d'inquiétudes pour les marchés, qui craignent que leur endettement ne compromette l'objectif du gouvernement de réduire son déficit à 6% du PIB en 2011 (dont 4,8% de déficit budgétaire), puis 3% en 2013, après 11,1% en 2009.

Fitch a abaissé les notes d'un cran de la Catalogne, de «A» à «A-», de l'Andalousie, de «AA-» à A+», des Canaries, de «AA-» à «A+», de la région de Valence, de «A» à «A-», et de deux crans celle de Murcie, de «AA-» à «A».

Toutes ces notes sont accompagnées d'une perspective négative.

«Cet abaissement reflète l'importante détérioration fiscale enregistrée ces dernières années» par ces régions, qui a «entraîné une forte augmentation du niveau d'endettement», a souligné Fitch dans un communiqué.

«Même si Fitch reconnaît que les régions vont prendre toutes les mesures possibles pour contrôler leurs dépenses, la reprise économique, encore faible, va limiter la croissance de leurs revenus fiscaux», a ajouté l'agence.

Le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a dit mercredi tabler sur une croissance au troisième trimestre «similaire» à celle du deuxième trimestre de 0,2% mais a reconnu que la crise de la dette grecque pourrait «affecter ces prévisions».

Plusieurs analystes estiment que la prévision de croissance annuelle des autorités de 1,3% est trop optimiste. L'institut de recherche du deuxième groupe bancaire espagnol, BBVA Research, prévoit une croissance de 0,9%, tandis que l'agence de notation Standard & Poor's et la Banque d'Espagne attendent 0,8%.

Une autre agence de notation, Moody's, avait déjà tiré la sonnette d'alarme lundi, assurant que les régions espagnoles ne parviendraient pas à atteindre l'objectif de déficit fixé pour cette année, malgré de nouvelles mesures approuvées par le gouvernement pour relancer les ventes de logements.

Douze régions espagnoles n'ont pas atteint au premier semestre l'objectif de déficit budgétaire fixé par le gouvernement, avait annoncé la semaine dernière la ministre de l'Économie Elena Salgado.

Le déficit cumulé des régions s'élevait déjà à 1,2 du PIB à la fin du premier semestre.

Signe de la situation tendue du pays, la dette des banques espagnoles envers la Banque centrale européenne (BCE) a bondi en août de 34% par rapport à juillet, à 69,92 milliards d'euros, révélant des difficultés pour se financer sur le marché.

Comme pour l'Italie, la prime de risque, payée par l'Espagne sur les marchés obligataires par rapport à l'Allemagne, pays de référence de la zone euro, a fortement augmenté ces derniers jours, alors que jeudi Madrid doit procéder à une nouvelle émission obligataire.

L'Espagne, qui a beaucoup souffert de la crise financière et économique internationale et de l'éclatement de sa bulle immobilière, peine à redresser la tête et sa situation alimente la panique des marchés sur une possible extension de la crise de la dette en zone euro.

La faible croissance de son produit intérieur brut ne permet toujours pas de créer des emplois, alors que l'Espagne affiche le taux de chômage (20,89%) le plus élevé parmi les pays industrialisés.