Les députés italiens ont approuvé mercredi, lors d'un vote de confiance, le plan d'austérité de 54,2 milliards d'euros qui doit permettre à l'Italie de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette, alors que le pays est sous intense pression des marchés.

Les députés doivent encore entériner définitivement en fin de journée ce plan, adopté par les sénateurs mercredi dernier, mais ce vote final est une formalité maintenant qu'ils ont voté la confiance.

Ce nouveau serrage de ceinture, très impopulaire, avait été annoncé en urgence début août par le gouvernement de Silvio Berlusconi, en échange du soutien de la Banque centrale européenne, le premier plan adopté en juillet ayant été jugé insuffisant par les marchés.

Mais les nombreuses modifications intervenues ensuite, dans l'espoir de contenter une majorité divisée et affaiblie, ont attisé les craintes des investisseurs en soulevant des questions sur la crédibilité de ces mesures.

Ce plan a finalement été renforcé mardi dernier, avant le vote au Sénat, avec une hausse de la TVA, le relèvement plus tôt que prévu de l'âge de la retraite des femmes dans le privé et une taxe sur les riches, moins large cependant que celle abandonnée quelques jours plus tôt.

Ces nouvelles mesures ont fait grimper de 45,5 à 54,2 milliards d'euros le montant de ce plan qui prévoit aussi de sévères coupes dans les budgets des ministères et des collectivités locales et un renforcement de la lutte contre l'évasion fiscale, massive dans le pays.

La réduction des coûts de la classe politique a en revanche été allégée, un changement difficile à avaler pour les Italiens, très critiques envers les élus qu'ils voient comme une «caste» de privilégiés.

Malgré ce tour de vis, et le rachat de dette par la BCE, l'Italie, qui croule sous une dette de plus de 1900 milliards d'euros (2580 milliards CAN) (environ 120% du PIB), ne parvient toujours pas à rassurer les marchés.

Lundi et mardi, ses taux ont atteint des sommets lors d'émissions obligataires, se rapprochant dangereusement de niveaux considérés comme difficilement soutenables. Une situation périlleuse pour l'ensemble de la zone euro dont la péninsule est la troisième économie.

Rome a toutefois assuré mardi ne pas avoir demandé à la Chine de l'aider en achetant sa dette, comme l'avait indiqué le Financial Times.

Critiqué par les syndicats, ce plan de rigueur est aussi vilipendé par les patrons.

«Il ne résout pas les problèmes de l'Italie. Si la croissance ne revient pas, il sera insuffisant», a averti la «patronne des patrons» Emma Marcegaglia.

Gouvernement et parlementaires pensent donc déjà à d'autres mesures.

Depuis Bruxelles, Silvio Berlusconi n'a pas exclu mardi que l'âge de la retraite puisse être augmenté. Et comme promis début août, le gouvernement compte adopter des mesures en vue de relancer une croissance atone qui complique l'asainissement des finances publiques.

Massimo Corsaro, vice-président des députés du PDL, le parti du Cavaliere, a proposé lui un plan de réduction de la dette de 400 milliards d'euros, basé sur des privatisations, un impôt sur le patrimoine et une réforme des retraites afin de la faire baisser immédiatement à 90% du PIB. Une initiative qui a reçu le soutien de plusieurs élus de la majorité.

Mettant en garde contre «une spirale de plans de rigueur comme en Grèce», le Parti Démocrate (gauche) a appelé de nouveau, par la voix de Walter Veltroni, à la formation «immédiate d'un nouveau gouvernement» afin de restaurer la crédibilité du pays.

Un appel balayé par la majorité qui accuse l'opposition de «fournir des munitions aux spéculateurs», selon Fabrizio Cicchitto, chef de file des députés du PDL.