Le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos a imputé jeudi à une gaffe l'estimation alarmante selon laquelle la dynamique de la dette grecque serait désormais «hors de contrôle», qui place le gouvernement dans l'embarras vis-à-vis de ses créanciers, l'UE et le FMI.

Cette estimation parue mercredi dans les médias intervient la semaine où Athènes négocie durement avec la Troika de ses créanciers pour obtenir le versement d'une sixième tranche du prêt accordé l'an dernier afin d'aider le pays à gérer ses quelque 350 milliards d'euros de dette publique.

Les partenaires de la Grèce s'impatientent devant la très lente mise en oeuvre des réformes structurelles et socialement impopulaires, notamment du marché du travail, qu'ils estiment nécessaires pour que le pays regonfle ses caisses tout en retrouvant la croissance.

Plus globalement, ils s'alarment de voir que les déficits publics grecs s'amplifient au lieu de reculer.

En face, le gouvernement tente un grand écart de plus en plus compliqué, car les mesures demandées par la Troika nourrissent la récession qui s'aggrave.

M. Vénizélos a ainsi reconnu la semaine dernière que le Produit Intérieur Brut diminuera vraisemblablement de plus de 4,5% en 2011, contre un recul de 3,5% prévu initialement.

Et le déficit public - à l'origine de tous les maux du pays - s'élève déjà à 14,69 milliards d'euros au premier semestre 2011, pour un objectif de 16,68 milliards pour toute l'année.

Selon le quotidien To Vima, les inspecteurs de la Troika tablent désormais sur un déficit des comptes publics de 8,8% du PIB alors que l'engagement pris par le pays -dans le projet de loi budgétaire pluri-annuel voté en juin- était de 7,4%.

Ordre de grandeur confirmé par un responsable grec requérant l'anonymat qui a confié à l'agence Dow Jones que le déficit serait supérieur à 8,5% du PIB cette année.

Pour tenter de combler une partie du trou, les autorités ont notamment décidé l'augmentation de 10 points à partir de ce jeudi de la TVA sur la restauration, de 13 à 23%, mesure fort impopulaire dans un pays à vocation touristique.

Une multitude d'autres mesures sont également sur les rails, mais aucun résultat sonnant et trébuchant n'est encore quantifiable en termes macro-économiques.

Au cours de l'été, d'autres problèmes se sont ajoutés, après le sommet européen extraordinaire du 21 juillet qui a décidé in extremis d'un nouveau plan d'aide pour le pays associant les Etats à des centaines de banques privées.

Parmi les principaux figure la réticence de certains pays comme la Finlande, alimentée par la montée des nationalismes, à remettre la main au portefeuille pour la Grèce, si elle n'obtenait pas de «garantie» de remboursement d'Athènes.

Face au pessimisme de ceux qui annoncent depuis des mois un défaut inévitable du pays incapable d'honorer ses remboursements, le gouvernement grec paraît de plus en plus isolé.

Dans ce contexte, le ministre des Finances a dû désavouer platement, en évoquant une gaffe de services inexpérimentés, les auteurs d'un rapport officiel au Parlement, dont des extraits, qui ont filtré mercredi, parlaient de «dette hors de contrôle».

Ce texte, le deuxième rapport mensuel établi par les experts du Bureau du budget de l'Etat depuis la récente création de cet organisme indépendant, «ne dispose pas des éléments de validité de rapports internationaux» comparables, a jugé M. Vénizélos dans un communiqué.

«Il est clair que le Bureau», dont la mission est d'informer les commissions parlementaires compétentes, «ne dispose ni des connaissances, ni de l'expérience, ni de la responsabilité» requises, a-t-il insisté.

Jeudi soir, après ces critiques, la directrice de l'organisme mis en cause, l'économiste Stella Savva-Balfousia, a présenté sa démission, a-t-on indiqué de source parlementaire.

Selon l'agence de presse Ana, le rapport mettait en garde contre un nouveau dérapage des finances susceptible «de contrebalancer dans une large mesure l'impact positif» du dernier plan de sauvetage du pays.