Le juge Jean-François Buffoni, de la Cour supérieure du Québec, a autorisé jeudi le recours collectif intenté au nom des victimes du scandale Mount Real.

Dans cette histoire, 1600 investisseurs, dont le chanteur québécois Bruno Pelletier, ont été floués pour des pertes de 130 millions $.

La décision de la Cour supérieure autorise le recours contre trois grands cabinets de vérification comptable, soit Deloitte & Touche, BDO Dunwoody, Schwartz Levitsky Feldman, ainsi que contre les gardiens de valeur B2B Trust, une filiale de la Banque Laurentienne, et Services financiers Penson Canada Inc.

Le recours est aussi autorisé contre l'ancien dirigeant de Mount Real, Lino Matteo, et contre son directeur financier, Paul d'Andrea.

La poursuite réclame 130 millions $, plus les intérêts.

Bruce Johnston, un avocat travaillant pour l'une des trois firmes qui représentent les investisseurs, affirme que l'autorisation est très significative.

Selon le jugement rendu jeudi, les cabinets de vérification comptable soutenaient que leurs employés ne pouvaient pas être tenus responsables à moins que chaque investisseur se soit basé sur les états financiers pour placer son argent.

Mais les avocats de la poursuite ont fait valoir que, si les comptables avaient effectué un contrôle diligent, Mount Real se serait effondrée plus tôt et la fraude n'aurait pas eu lieu.

En entrevue avec La Presse canadienne, Me Johnston a affirmé que Mount Real présentait plusieurs irrégularités évidentes qui auraient pu être détectées par n'importe quel comptable compétent.

«Cette entreprise était complètement bidon. Elle n'avait aucune vraie activité, mais elle affichait des actifs de 100 millions $ ainsi que des ventes et des profits en plein essor», a-t-il indiqué. «Une fraude comme celle-ci n'est possible que si les comptables et les dirigeants y participent.»

L'autorisation du recours collectif survient trois ans après le dépôt de la poursuite devant les tribunaux et il faudra probablement encore deux ans avant que le procès n'ait lieu.

Une porte-parole des investisseurs a toutefois déclaré qu'ils étaient très heureux que les choses aient enfin bougé.

«Voilà six ans que nous attendons, alors c'est une bonne nouvelle», a assuré Janet Watson, l'une des victimes de Mount Real qui soutient avoir perdu 70 000$ dans cette affaire.

«C'était notre seule chance de récupérer un peu de notre argent et aussi d'obtenir justice puisque les auteurs de cette présumée fraude à la Ponzi n'ont pas encore été jugés», a ajouté la dame depuis sa résidence des Cantons de l'Est.

Mme Watson a raconté que les investisseurs s'étaient fait dire qu'ils donnaient leur argent à une entreprise de planification et de services financiers qui avaient les revenus et les conseillers pour le prouver.

Mais en réalité, c'était loin d'être le cas.

«En gros, leur principale activité consistait à vendre des abonnements de magazine. Si nous avions su cela, nous n'aurions jamais investi», a conclu Janet Watson.