Plusieurs grands journaux américains ont fustigé l'accord sur le plafond de la dette conclu dimanche soir entre le président Barack Obama et les responsables du Congrès, le décrivant comme une «capitulation» face aux conservateurs extrémistes.

«Pour éviter le chaos, un accord épouvantable», titrait un éditorial du New York Times (centre-gauche).

«L'accord va permettre d'éviter à court terme, et probablement tout au long de 2012, un défaut de paiement aux conséquences catastrophiques», constatait le prestigieux quotidien, ajoutant cependant: «le reste de l'accord est une capitulation quasi-totale face aux demandes de républicains extrémistes; il va porter atteinte aux programmes bénéfiques à la classe moyenne et aux pauvres et freiner la relance économique» du pays.

Le compromis dégagé in extremis dimanche soir sur le relèvement du plafond de la dette américaine, à moins de deux jours de la date butoir fixée par le Trésor, prévoit une hausse du plafond d'au moins 2.=100 milliards de dollars.

Le texte propose en parallèle une première réduction des dépenses, sans augmentation d'impôts, de 1000 milliards de dollars. Une commission spéciale bipartite du Congrès sera ensuite chargée de trouver avant le 23 novembre (vote au Congrès dans son ensemble avant le 23 décembre) des baisses de dépenses supplémentaires à hauteur de 1500 milliards.

Dans le cas où aucun accord n'interviendrait, un mécanisme contraignant se mettrait en place pour imposer automatiquement un certain nombre de coupes, dispositif qui suscitait l'inquiétude du Washington Post.

«Est-ce que des coupes arbitraires et importantes dans les dépenses militaires sont très conseillées au beau milieu d'opérations en Afghanistan?», écrivait le journal, insistant: de telles coupes «sont(-elles) quelque chose de sensé, en particulier en période d'économie hésitante?».

USA Today notait de son côté que le compromis de dernière minute n'a rien «d'idyllique». «Dans l'ensemble, il ne fait que repousser un peu plus loin le problème du déficit et de la dette du pays, en le renvoyant à une commission spéciale de plus». Et de reconnaître cependant qu'«éviter une crise restait de loin préférable à en affronter une».

Le Wall Street Journal, dont les éditoriaux sont souvent marqués à droite, s'enthousiasmait en revanche du compromis, «meilleur que ce qui semblait réalisable ces dernières années».

Pour le quotidien économique, le texte est dans l'ensemble un «triomphe pour le (mouvement conservateur du) tea party» et une «victoire pour les partisans d'un gouvernement réduit», car il n'impose aucune augmentation d'impôts et propose de «réelles coupes budgétaires immédiates» -«bien que plus petites que ce que nous aurions espéré», ajoute-t-il.

L'éditorial avertit cependant que les coupes dans le budget de la défense risquent de faire des «dégâts» dans la sécurité nationale des États-Unis, «c'est la partie la plus mauvaise de l'accord et le but de Barack Obama va être de pousser les républicains à choisir entre augmentation des impôts ou coupes destructrices dans le budget de la défense».

Le Chicago Tribune regrettait également que cet accord n'aille pas assez loin dans les réductions budgétaires, craignant qu'il ne soit pas suffisant pour «permettre aux États-Unis de conserver la note attachée à leur dette publique», actuellement la plus meilleure possible (AAA).

«Les agences de notation pourraient estimer que Washington n'a pas le cran suffisant pour abaisser la dette à un niveau raisonnable», poursuivait le journal.