Barack Obama a exhorté vendredi le Congrès à sceller un compromis pour éviter un défaut de paiement des États-Unis, alors que le Sénat a rejeté un texte des républicains de la Chambre pour relever le niveau d'endettement autorisé et pris des mesures pour pousser son propre plan.

À quatre jours de la date-butoir fixée par le Trésor, le Sénat a rejeté un plan républicain par 59 voix contre 41.

Le chef de la majorité démocrate, Harry Reid, a pris des mesures après le scrutin pour programmer un premier vote ce week-end afin de tenter de faire adopter un autre texte et éviter un défaut de paiement d'ici mardi.

«J'ai demandé à mon ami, le leader républicain (Mitch McConnell) de négocier et il a choisi de ne pas le faire», a dit M. Reid peu après le vote du Sénat. «C'est vraiment dommage. Je veux faire avancer les choses», a ajouté M. Reid.

Peu avant, la Chambre des représentants américaine avait adopté le plan républicain par 218 voix contre 210.

Dans la foulée du vote de la Chambre, la Maison-Blanche a renouvelé son appel au «compromis» au Congrès. «Maintenant que cette nouvelle manoeuvre politique est derrière nous, au moment où le temps vient à manquer, les chefs (du Congrès) doivent commencer à travailler ensemble immédiatement afin de parvenir à un compromis qui évite un défaut de paiement et établisse la base d'une réduction équilibrée des déficits», a affirmé dans un communiqué le porte-parole du président Obama, Jay Carney.

«Nous n'avons presque plus de temps», a averti M. Obama lors d'une intervention télévisée, en appelant les Américains à «maintenir la pression» sur leurs élus à Washington pour qu'ils trouvent une solution rapide à la crise actuelle.

Plus tôt dans la journée, M. Carney avait indiqué que l'économie des États-Unis avait d'ores et déjà subi des «dégâts», tout en affirmant qu'il restait encore suffisamment de temps pour appliquer un accord et «respecter l'échéance du 2 août».

Au Capitole, l'initiative semblait avoir basculé du côté du Sénat vendredi avec le plan des démocrates. «C'est probablement notre dernière chance de sauver ce pays du défaut de paiement», a déclaré Harry Reid.

Ce plan économiserait 2 200 milliards de dollars sur 10 ans et relèverait a priori suffisamment le plafond de la dette pour tenir jusqu'en 2013. Les républicains, eux, insistent sur un plan en deux étapes: un premier relèvement avant le 2 août et un deuxième début 2012, soit en pleine campagne électorale.

Le président de la Chambre, John Boehner, a peiné à rassembler les voix pour son plan, qu'il savait voué à l'échec. Jeudi soir, il avait dû reporter le vote faute d'avoir les soutiens nécessaires sur son aile droite.

Vendredi, pour gagner davantage de voix, il a notamment ajouté à son texte un projet d'amendement constitutionnel pour imposer un «budget à l'équilibre», très prisé à droite.

Peu avant le vote, M. Boehner a affirmé dans un discours devant la Chambre avoir tout fait pour obtenir un accord avec Barack Obama. «Mais il y a beaucoup de gens dans cette ville qui ne peuvent jamais dire oui», a-t-il lancé en rejetant la responsabilité de l'impasse sur le président.

Si aucun projet de loi pour relever le plafond de la dette n'est envoyé à la Maison-Blanche avant le 2 août, il ne restera que quelques jours à l'administration pour payer ses factures avant d'épuiser ses réserves d'argent, selon les analystes.

Un dirigeant de la banque centrale des États-Unis (Fed), James Bullard, a affirmé qu'une impasse au Congrès aurait «des conséquences imprévisibles».

Le plafond de la dette a atteint à la mi-mai sa limite fixée par la loi de 14 294 milliards de dollars, soit presque 100% du PIB.

L'agence d'évaluation financière Moody's a précisé vendredi qu'elle donnait aux États unis plus d'une chance sur deux de conserver la note «Aaa» attachée à leur dette publique, en cas de désaccord persistant sur le relèvement du plafond.