Les États-Unis estiment ne plus pouvoir être en mesure d'honorer l'ensemble de leurs engagements après mardi si les parlementaires ne relèvent pas le plafond légal imposé à la dette de l'État fédéral.

Q: Qu'est-ce que le plafond de la dette?

R: C'est une limite imposée par la loi depuis 1917 à la dette de l'État fédéral, que le Congrès relève régulièrement, et qui est fixée depuis février 2010 à 14 294 milliards de dollars.

Q: Que se passera-t-il après le 2 août?

R: Le Trésor des États-Unis affirme qu'il devra vivre avec ses seules entrées d'argent, n'ayant plus la capacité d'emprunter. Cela impliquera des choix draconiens: ces entrées sont loin de couvrir les dépenses. Sur les neuf premiers mois de l'exercice budgétaire actuel (octobre-juin), l'État fédéral a dépensé 1,56 $ pour chaque dollar de recettes fiscales. Par conséquent, il faudra rendre certains paiements prioritaires par rapport à d'autres qui seront repoussés à une date indéterminée. Cela devrait signifier le gel de certaines administrations.

Q: Serait-ce un défaut de paiement?

R: Pour le gouvernement, si un seul paiement n'est pas effectué en temps prévu, quel qu'en soit le destinataire, c'est un défaut. Les républicains contestent cette vision des choses et affirment que l'État, en établissant ses priorités, évitera cette qualification. Les agences de notation pour leur part ne s'intéressent qu'aux paiements promis aux créanciers obligataires, et pas aux fournisseurs de l'État, ni aux fonctionnaires, ni aux bénéficiaires de prestations sociales.

Q: Quelles conséquences cela aurait-il sur l'économie et le système financier?

R: Cette question a été amplement débattue sans réponse claire. Elle dépend surtout de la durée du blocage. Un dirigeant de la Réserve fédérale américaine (Fed), James Bullard, a dit craindre «des conséquences imprévisibles». La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a évoqué «un événement très, très, très grave».

Q: Le reste du monde serait-il touché?

R: Des fournisseurs étrangers de l'État fédéral pourraient l'être directement. Indirectement, une telle crise au coeur de la première puissance économique de la planète ajouterait aux incertitudes qui entourent déjà la conjoncture mondiale.

Q: Pourquoi les créanciers des États-Unis gardent-ils leur sang-froid, comme le montre la stabilité du marché de la dette?

R: Le secteur financier est convaincu que si l'impasse perdure, les créanciers obligataires seront la priorité numéro un du Trésor. Pour les tenants de cette thèse, le plus grand risque que les États-Unis pourraient prendre est de renier leurs obligations vis-à-vis des détenteurs de bons du Trésor, dont plus de la moitié sont étrangers.

Q: L'exécutif peut-il outrepasser les prérogatives du Congrès pour relever ou dépasser le plafond de la dette si le désaccord persiste entre démocrates et républicains?

R: La Maison Blanche a affirmé qu'elle ne l'envisageait pas.

Q: Y a-t-il un précédent?

R: Oui, et il est peu connu. En avril et en mai 1979, le Trésor avait manqué des échéances de bons du Trésor arrivant à maturité. Il ne s'était pas passé grand-chose: ces créanciers, dont une bonne partie de particuliers, avaient exigé des pénalités de retard, qu'ils avaient obtenues. Selon Terry Zivney et Richard Marcus, deux économistes qui ont étudié cet épisode en 1989, le coût des emprunts des Etats-Unis avait légèrement augmenté dans les mois suivants. Mais le fait que le système financier ait été beaucoup moins sophistiqué à l'époque rend la comparaison peu pertinente. Et le plafond de la dette était alors à 830 milliards de dollars, 17 fois plus bas qu'aujourd'hui.