Trois personnes, dont l'une réside au Canada et les deux autres en Espagne, sont visées par une poursuite de 11,5 millions de dollars intentée hier par le Bureau de la concurrence qui les accuse d'avoir arnaqué plus de 5000 PME en usurpant l'identité du Groupe Pages Jaunes.

Brandon Marsh, Jan Marks et Steve Greens sont accusés d'avoir soutiré des milliers de dollars à ces entreprises au moyen d'un simple télécopieur, avec un message demandant aux entreprises de confirmer les informations à leur sujet devant paraître dans un annuaire en ligne de Groupe Pages Jaunes.

Peu après, les entreprises recevaient une facture de 1428$ par année pour avoir prétendument conclu un engagement de deux ans dans un annuaire qui n'a jamais existé.

La combine a été éventée une première fois en Australie, qui a intenté des poursuites contre deux des cinq entreprises exploitées par les accusés et qui a obtenu des compensations de 2,7 millions.

Mais les activités frauduleuses se sont poursuivies ailleurs dans le monde, et notamment au Canada, où le Bureau de la concurrence a reçu plus de 1400 plaintes de PME depuis le mois de janvier dernier.

«On s'est aperçu qu'il fallait faire quelque chose tout de suite», a expliqué hier la sous-commissaire du Bureau de la concurrence, Lisa Campbell.

En mars dernier, Groupe Pages Jaunes avait aussi mis en garde ses clients et quiconque serait sollicité par une entreprise utilisant un logo semblable au sien. «L'équipe de vente de Groupe Pages Jaunes n'envoie jamais de télécopies non sollicitées», soulignait l'entreprise sur son site internet.

Groupe Pages Jaunes a l'usage exclusif de la marque au Canada, ce qui n'est pas le cas ailleurs. Elle a donc plus souffert de la fraude et se réjouit des actions lancées par le Bureau de la concurrence. «La fraude existe depuis longtemps, mais nous avions observé une recrudescence au cours des 12 à 18 derniers mois», a indiqué sa porte-parole, Annie Marsolais.

Le Bureau de la concurrence a déposé des poursuites civiles contre cinq entreprises et trois individus. Ses homologues des États-Unis et du Royaume-Uni ont fait la même chose avec des entreprises actives sur leur territoire qui semblent être liées à la même arnaque.

Avec la progression de l'internet et de la technologie, les activités frauduleuses n'ont plus de frontières. «De plus en plus, on travaille avec nos homologues du Réseau international de protection des consommateurs qui regroupe 40 pays», a indiqué Lisa Campbell.

Pour la première fois, le Bureau de la concurrence a utilisé ses pouvoirs accrus depuis 2009 pour demander et obtenir du tribunal un gel des actifs des entreprises visées.

Les chèques qui avaient été envoyés par les entreprises seront saisis. «On a de bonnes raisons de croire que cet argent était à la veille de quitter le pays», a fait savoir la porte-parole du Bureau de la concurrence.

Les fraudeurs avaient un scénario soigneusement mis au point. Ils faisaient transiter l'argent par une banque connue, en l'occurrence la TD, et réclamaient des sommes d'argent pas très importantes. Si l'entreprise ne voulait pas payer, il leur suffisait de faire un appel téléphonique la menaçant de poursuite pour que la victime décide d'envoyer un chèque plutôt que d'aller se battre devant les tribunaux.

Le Bureau de la concurrence réclame des sanctions de 11,5 millions et un dédommagement pour les victimes.

Personne ne peut dire si les entreprises pourront récupérer leur argent, mais l'action du Bureau de la concurrence aura au moins pour effet de sensibiliser la population, estime la porte-parole du Groupe Pages Jaunes.

Le titre de Yellow Media, société mère du Groupe Pages Jaunes, a clôturé hier à 2,16$, en hausse de 2 cents.

-----------------

LES ENTREPRISES VISÉES PAR LA POURSUITE

> Yellow Business Marketing Ltd (Toronto)

> Yellow Publishing Ltd (Manchester, Royaume-Uni)

> Yellow Data Services Ltd (Manchester, Royaume-Uni)

> Yellow Page Marketing B.V. (Espagne)

> Backoffice Support SL (Espagne)