La Maison-Blanche a affirmé mercredi qu'un compromis était toujours «essentiel et possible» pour relever le plafond de la dette malgré l'absence apparente de progrès au Congrès à six jours de l'échéance après laquelle les États-Unis risquent un défaut de paiement.

«Nous pensons toujours fermement qu'un compromis est essentiel et possible», a affirmé le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, sur fond d'inquiétude grandissante de la communauté internationale face aux conséquences potentiellement catastrophiques d'un défaut de la première économie mondiale.

Rongée par la nervosité en l'absence d'avancée, la bourse de New York a fini en forte baisse: le Dow Jones a perdu 1,59% et le Nasdaq 2,65%.

«Le Congrès doit agir. Nous nous sommes engagés avec intensité dans des négociations» avec les élus, a assuré M. Carney.

Et pour la première fois il a laissé entendre que le Trésor préparait l'adaptation du fonctionnement de l'État fédéral après le 2 août en cas d'impasse persistante. «Ils sont en train d'y travailler», a-t-il dit.

Au Capitole de Washington, où les alliés démocrates de M. Obama sont majoritaires au Sénat et ses adversaires républicains contrôlent la Chambre des représentants, l'heure n'était apparemment toujours pas au rapprochement.

Mercredi soir, 51 sénateurs démocrates et deux indépendants, ont signé une lettre au président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, pour lui dire qu'ils ne soutiendraient pas son plan.

«Le monde entier nous regarde. Nous devons faire ce qui est juste pour résoudre ce problème», ont-ils écrit en rejetant l'approche des républicains qui veulent un plan en deux étapes: un premier relèvement du plafond de la dette de 1000 milliards avant le 2 août et un autre relèvement du plafond début 2012, soit en pleine campagne électorale.

Pour les démocrates cette solution ne ferait que repousser le problème de six mois et mettrait «les Etats-Unis en péril».

M. Boehner, qui veut soumettre au vote son plan de réduction des déficits jeudi, a passé la journée de mercredi à tenter de rassembler ses troupes face aux critiques de son aile droite qui réclame davantage de réductions budgétaires. «Nous faisons des progrès», a-t-il laconiquement déclaré mercredi.

En outre, le chef républicain a dû revoir sa copie et intégrer davantage de coupes mercredi car le Bureau du budget du Congrès américain (CBO), une agence indépendante, a estimé la proposition républicaine n'économiserait que 850 milliards et non 1200 milliards comme il l'avait affirmé. La nouvelle version réduirait les déficits de 915 milliards sur 10 ans.

Le plan concurrent du Sénat présenté par le chef de la majorité démocrate, Harry Reid, économiserait 2200 milliards de dollars sur 10 ans, selon le CBO. «Le plan du Sénat est clairement vainqueur», a réagi mercredi le groupe démocrate du Sénat.

Renforcé par ce dernier développement, M. Reid a affirmé mercredi qu'il n'y avait «qu'un projet de loi au Congrès (sur la dette) qui soit un vrai compromis». «Nous aimons notre plan, nous allons nous y tenir jusqu'à ce que quelqu'un vienne avec une meilleure idée», a-t-il dit.

Ce plan prévoit un relèvement du plafond suffisant pour tenir jusqu'en 2013, accompagné d'une réduction des déficits de 2.700 milliards de dollars en sauvegardant les grands programmes sociaux.

Des semaines de discussions n'ont pas suffi pour trouver un accord sur un plan de réduction des déficits accompagné d'un relèvement du plafond de la dette, qui a atteint en mai sa limite de 14 294 milliards de dollars, soit presque 100% du PIB.

En cas de défaut de paiement, les agences de notation financières pourraient abaisser la note des Etats-Unis sur le marché des emprunts à très court terme. Mais mercredi, le président de Standard and Poor's, Deven Sharma, a affirmé à des parlementaires que ses analystes ne croyaient toujours pas à un défaut.

De son côté, l'agence de notation Fitch Ratings a estimé que les bons du Trésor des États-Unis resteraient l'actif de référence du système financier mondial même s'ils devaient perdre leur note «AAA», la meilleure possible.