Les banques américaines commencent à échafauder des plans de secours pour le cas où les États-Unis feraient défaut sur leur dette, ou si leur note triple A venait à être abaissée par les agences de notation, ont indiqué lundi des analystes et des banquiers.

Wall Street suit avec la plus grande attention les soubresauts de la bataille autour de la dette américaine, mais semble tabler sur un accord de dernière minute permettant d'éviter un défaut.

Néanmoins, «les gens commencent à prendre des mesures, au cas où cela se produirait», a confié à l'AFP un ancien cadre de la banque centrale américaine, la Fed.

Bank of America, Wells Fargo and Citigroup ont confirmé chercher des moyens de limiter les conséquences d'un défaut ou d'un abaissement de la note de la dette américaine.

«Bien que nous ayons confiance en nos gouvernants pour trouver une solution, notre plan de secours vise à nous assurer que nous pourrons répondre aux besoins de nos clients, si un tel accord devait ne pas aboutir», a indiqué une porte-parole de Wells Fargo.

De son côté, Bank of America a confirmé «travailler sur plusieurs plans de secours» et Citigroup a également révélé «se préparer à un scénario où le plafond de la dette américaine ne serait pas relevé».

Mais aucune de ces banques n'a fourni de détails sur sa stratégie.

Selon Lou Crandall, économiste à Wrightson ICAP, certaines d'entre elles réfléchissent notamment au moyen d'engranger des liquidités pour parer à une éventuelle crise, alors que la date-butoir du 2 août approche.

D'ici là, les élus démocrates et républicains au Congrès doivent parvenir à un accord sur le relèvement du plafond de la dette, qui a atteint en mai sa limite de 14 300 milliards de dollars, faute de quoi la première puissance économique mondiale risquerait de se retrouver en défaut de paiement.

Mais aucun compromis n'a pu être trouvé jusqu'à présent, les discussions achoppant notamment sur la question d'une hausse des impôts et sur le plan de réduction des déficits.

Les banques ont financé une grande part de la dette américaine, en achetant des bons du Trésor, longtemps considérés comme des investissements très sûrs. En juin, elles détenaient ainsi 1.660 milliards de dollars en bons du Trésor, selon la Fed, soit plus d'un dixième de la dette. À titre de comparaison, la Chine en possédait 1160 milliards en mai.

Plusieurs options s'offrent aux banques: elles peuvent ainsi acheter des contrats de couverture contre le défaut de paiement, les CDS (credit default swaps), des produits financiers qui fonctionnent comme des assurances.

Elles peuvent aussi parier sur la baisse du dollar, conséquence inévitable d'un éventuel défaut de paiement des Etats-Unis.

«Un recul de 3 à 5% du dollar, (...) c'est une hypothèse que beaucoup d'investisseurs envisagent», a assuré la semaine dernière Bill Gross, fondateur du plus grand gestionnaire de fonds obligataires du monde, Pimco, sur la radio publique NPR.

Mais les analystes soulignent qu'un défaut de paiement ou un abaissement de la note américaine pourraient surtout nuire au bilan annuel des banques, or leurs options pour se prémunir contre un tel scénario sont limitées.

«Qu'est-ce que vous voulez faire?», a demandé Dick Bove, analyste chez Rochdale Securities. «Cela risquerait tout simplement de submerger le système bancaire, donc tout ce qu'elles peuvent faire, c'est s'asseoir et attendre».